Quatre jours d’angoisse viennent de prendre fin pour les deux agents humanitaires de l’organisation DanChurchAid (DCA) retenus en captivité dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Leur libération intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement volatile qui continue de menacer les activités humanitaires dans cette région de l’est de la République Démocratique du Congo.
L’enlèvement s’était produit mardi 30 septembre dernier sur l’axe routier Nyabiondo-Lukweti, un secteur connu pour son insécurité chronique. Les humanitaires revenaient d’une mission à Pinga, dans le territoire voisin de Walikale, lorsque leur convoi a été intercepté par des miliciens wazalendo. Ces groupes d’autodéfense locaux, initialement constitués pour protéger les populations civiles, semblent de plus en plus impliqués dans des activités criminelles.
Comment expliquer la recrudescence des attaques contre les humanitaires dans cette zone ? La question se pose avec acuité alors que les organisations internationales peinent à maintenir leurs opérations essentielles pour des milliers de civils vulnérables. Les circonstances exactes de la libération des deux agents demeurent floues, l’organisation DCA ayant choisi de ne pas divulguer les détails des négociations qui ont abouti à leur remise en liberté.
La libération est intervenue dans la soirée du vendredi 3 octobre, mettant fin à une captivité qui aura duré près de quatre jours. Selon les informations confirmées par une source au sein de DanChurchAid, les deux humanitaires devaient rejoindre la ville de Goma dans l’après-midi du samedi 4 octobre pour y recevoir les soins médicaux et le soutien psychologique nécessaires après un tel traumatisme.
Cet incident n’est malheureusement pas isolé dans la région de Masisi. Deux mois plus tôt, en août 2025, deux chauffeurs de l’ONG Caritas avaient subi le même sort à Sake, toujours dans le territoire de Masisi. Enlevés dans un couvent catholique par des hommes armés non identifiés, ils avaient été relâchés le lendemain après des négociations avec les autorités locales. Ce schéma récurrent d’enlèvements suivis de libérations rapides interroge sur les motivations réelles de ces groupes armés.
La présence des organisations humanitaires comme DanChurchAid reste pourtant cruciale dans cette région en proie à des conflits persistants. Fondée en 1922, cette ONG danoise œuvre en RDC depuis 2004 dans des domaines aussi essentiels que l’assistance humanitaire, la protection des civils, la lutte contre les mines, la fourniture d’abris et le soutien aux moyens de subsistance. Sa collaboration étroite avec des partenaires locaux vise à s’attaquer aux causes structurelles de la pauvreté et des inégalités.
La sécurité des humanitaires représente aujourd’hui un défi majeur pour la continuité des opérations essentielles au Nord-Kivu. Les autorités provinciales et nationales sont-elles en mesure d’assurer la protection des travailleurs humanitaires qui risquent leur vie pour venir en aide aux populations affectées par les conflits ? La question demeure entière alors que les incidents sécuritaires se multiplient dans les territoires de Masisi et Walikale.
La libération des deux agents de DanChurchAid apporte un soulagement temporaire, mais elle ne résout pas le problème fondamental de l’insécurité persistante qui entrave l’action humanitaire dans l’est de la RDC. Les organisations humanitaires doivent maintenant réévaluer leurs protocoles de sécurité tandis que les autorités locales et nationales sont appelées à renforcer leur présence sécuritaire sur les axes routiers critiques.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
