« Nous avons entendu des cris dans la nuit, puis le bruit des murs qui s’effondraient. En quelques minutes, l’eau a tout emporté sur son passage », témoigne avec émotion un habitant du quartier Nyalukemba, encore sous le choc des intempéries qui ont frappé Bukavu dans la soirée du 3 septembre.
La ville de Bukavu, perchée sur les rives du lac Kivu, a subi la violence des éléments avec une intensité rarement observée. Des pluies diluviennes se sont abattues sur la cité, transformant les rues en torrents impétueux et provoquant des glissements de terrain meurtriers. Le bilan est lourd : cinq vies fauchées, plusieurs blessés, et un paysage urbain dévasté dans plusieurs quartiers de la ville.
Sur l’avenue de la Montagne, dans l’axe Kanga, le drame a atteint son paroxysme. Cinq personnes ont perdu la vie, emportées par les eaux ou ensevelies sous les décombres de leurs habitations. Trois blessés, extraits in extremis des décombres, ont été évacués vers un hôpital de la place. Leurs conditions restent préoccupantes, selon les sources médicales locales.
Mais comment une ville comme Bukavu, pourtant habituée aux précipitations, a-t-elle pu subir des dégâts d’une telle ampleur ? La réponse se niche peut-être dans l’urbanisation anarchique et le manque d’infrastructures d’assainissement adaptées. Obed Manvu, président de la société civile du quartier Nyalukemba, dresse un constat amer : « Sur l’avenue Hewa Bora, les eaux ont envahi plusieurs habitations, obligeant les habitants à évacuer dans l’urgence. Nous assistons impuissants à une répétition de scènes de désolation que nous avions pourtant connues par le passé ».
Le cercle hippique n’a pas été épargné non plus. Deux murs d’enceinte se sont effondrés sur la deuxième route du camp Saïo, menaçant directement la sécurité des riverains. Sur les avenues Paysage et Kibarabara, le vent violent a arraché plusieurs toitures, laissant des familles entières à la merci des éléments. Partout, le même spectacle de désolation : meubles emportés, véhicules submergés, et cette boue omniprésente qui recouvre tout sur son passage.
Ces inondations à Bukavu interrogent sur la capacité des villes congolaises à faire face aux défis climatiques. Alors que la saison des pluies ne fait que commencer, faut-il craindre d’autres catastrophes de cette ampleur ? La société civile locale tire la sonnette d’alarme et appelle à la plus grande vigilance. Les autorités se doivent-elles de prendre des mesures préventives plus efficaces ?
Les glissements de terrain dans cette région du Sud-Kivu ne sont malheureusement pas un phénomène nouveau. La topographie accidentée de Bukavu, construite sur plusieurs collines, la rend particulièrement vulnérable aux intempéries. Pourtant, face à cette catastrophe naturelle récurrente, les solutions durables se font attendre.
En cette période critique, la solidarité des habitants s’organise tant bien que mal. Mais jusqu’à quand devront-ils compter sur leur seule résilience face à la force destructrice des éléments ? Les pluies diluviennes en RDC posent une question fondamentale : comment construire des villes plus résilientes face aux caprices du climat ?
Alors que le bilan des intempéries à Bukavu continue peut-être de s’alourdir, une réflexion profonde s’impose sur l’aménagement du territoire et la prévention des risques. La vie humaine ne devrait-elle pas primer sur toute autre considération ? Le drame de cette soirée du 3 septembre nous rappelle cruellement l’urgence d’agir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd