Une lueur d’espoir se lève pour des centaines de femmes confrontées aux terribles conséquences des fistules obstétricales dans le Grand Nord de la République Démocratique du Congo. L’hôpital Heal Africa, en collaboration avec l’hôpital général de référence de Beni, a inauguré ce mercredi une campagne médicale d’envergure offrant un traitement gratuit contre ces pathologies gynécologiques dévastatrices.
Jusqu’au 31 octobre, les équipes médicales mobilisées vont prendre en charge les femmes souffrant de fistules obstétricales, ces perforations entre le vagin et la vessie ou le rectum qui surviennent lors d’accouchements prolongés et difficiles. Imaginez-vous vivre avec des fuites urinaires ou fécales constantes, souvent rejetée par votre communauté et votre propre famille ? C’est pourtant le calvaire quotidien de milliers de Congolaises.
Le Dr Jérémy Muhindo, médecin directeur de l’hôpital général de Beni, souligne l’ampleur de cette initiative : « Notre objectif est d’atteindre les femmes les plus vulnérables, celles qui n’ont généralement pas accès aux soins spécialisés. Nous couvrons non seulement Beni, mais aussi des zones reculées comme Kamango, Kasindi, et même certaines localités du territoire de Lubero et de l’Ituri. »
Qu’est-ce qui rend cette campagne si exceptionnelle ? Au-delà des interventions chirurgicales gratuites, l’initiative prend en charge l’intégralité du parcours de soin. « Nous offrons non seulement les soins médicaux, mais aussi l’hébergement, la nourriture et même le remboursement des frais de transport », précise le Dr Muhindo. Une approche holistique essentielle pour des patientes souvent dans une extrême précarité.
La fistule obstétricale, bien que preventable, reste un fléau dans les régions où l’accès aux soins obstétricaux d’urgence est limité. Saviez-vous qu’une intervention rapide lors d’un travail prolongé pourrait éviter la majorité de ces cas ? Pourtant, nombreuses sont les femmes qui accouchent sans assistance médicale qualifiée dans le Grand Nord.
Cette campagne médicale s’étend sur plusieurs zones de santé stratégiques : Oicha, Mutwanga, Mabalako, Kalunguta, Vuhovi et la ville de Butembo. Un maillage territorial crucial pour toucher le maximum de patientes. L’hôpital Heal Africa Beni, reconnu pour son expertise en chirurgie réparatrice, met à disposition son plateau technique et son personnel spécialisé.
Comment expliquer l’importance de tels programmes de santé publique ? Les fistules non traitées conduisent souvent à l’isolement social, à la dépression et à une précarité économique accrue. Une femme guérie d’une fistule retrouve non seulement sa santé, mais aussi sa place dans la société et sa capacité à subvenir à ses besoins.
Les autorités sanitaires locales insistent sur l’importance de la mobilisation communautaire : « Si dans votre entourage, vous connaissez une femme souffrant de ce type de problème, encouragez-la à se faire soigner. Les consultations sont entièrement gratuites et confidentielles », rappelle le médecin directeur.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large d’amélioration de la santé maternelle en RDC. Elle démontre qu’avec des partenariats solides et une volonté politique, il est possible d’apporter des solutions concrètes aux problèmes de santé qui affectent particulièrement les femmes des régions les plus défavorisées.
Pour les femmes qui hésiteraient encore à se faire soindre, sachez que les interventions de réparation des fistules ont un taux de succès dépassant 90% dans les centres spécialisés. La honte ne devrait jamais être un obstacle à la guérison. Cette campagne représente une opportunité unique de retrouver une vie normale et une dignité longtemps compromise.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net