Les activités minières du site de Lomera, dans le territoire de Kabare au Sud-Kivu, sont paralysées depuis lundi 9 septembre. Le groupe rebelle M23 a imposé une suspension totale des opérations d’extraction, plongeant des milliers de creuseurs artisanaux dans l’incertitude.
Cette décision, justifiée officiellement par des impératifs sécuritaires, suscite incompréhension et colère parmi les exploitants locaux. Les responsables du mouvement armé exigent désormais l’identification préalable de tous les travailleurs miniers, estimant que la zone était devenue un foyer d’insécurité incontrôlable.
Quelles conséquences cette mesure aura-t-elle sur l’économie locale déjà fragile ? Des témoins sur place décrivent une atmosphère de tension croissante. Les creuseurs artisanaux, privés de leur seule source de revenus, redoutent une aggravation de la précarité des communautés dépendantes de cette activité minière.
Le site de Lomera, réputé pour sa production d’or et de cassitérite, attire depuis des mois des jeunes venus de toute la sous-région. La forte demande internationale pour ces minerais avait transformé cette zone en un pôle d’activité économique intense. Des femmes y vendaient vivres et produits non alimentaires pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Derrière cette apparente prospérité, des défis majeurs persistaient. Les normes de sécurité élémentaires étaient régulièrement ignorées, comme en témoigne le drame survenu en juillet dernier où une dizaine de creuseurs ont péri, ensevelis sous des éboulements. L’usage intensif de produits chimiques inquiète également les défenseurs de l’environnement, qui alertent sur les risques de pollution du lac Kivu et la destruction de sa biodiversité.
La suspension des activités minières par le M23 intervient dans un contexte sécuritaire déjà volatile dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Les conflits miniers récurrents dans cette région illustrent les difficultés à concilier exploitation des ressources naturelles et stabilité sociale.
La date de reprise des activités reste inconnue, alimentant l’inquiétude générale. Cette situation met en lumière la vulnérabilité des travailleurs du secteur artisanal face aux décisions unilatérales des groupes armés contrôlant les zones minières.
Les autorités provinciales n’ont pas encore réagi officiellement à cette suspension qui affecte directement l’économie locale et régionale. La communauté internationale suit avec attention l’évolution de cette situation, alors que les tensions persistent dans l’Est congolais.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net