La ville frontalière d’Uvira, au Sud-Kivu, étouffe sous les conséquences économiques de cinq jours de manifestations consécutives. Le blocage des axes routiers et la paralysie des activités commerciales ont provoqué une flambée spectaculaire des prix des denrées alimentaires, particulièrement de la tomate, aliment de base dans la région.
Comment une ville aussi stratégique pour les échanges transfrontaliers a-t-elle pu se retrouver ainsi asphyxiée ? La réponse se trouve dans la colère populaire qui a embrasé les rues depuis mardi. La société civile locale, appuyée par les groupes Wazalendo, a initié un mouvement de protestation contre le retour controversé du général Olivier Gasita. Cet officier, responsable des opérations et du renseignement dans le secteur d’Uvira, cristallise les tensions et symbolise pour les manifestants une présence sécuritaire contestée.
Les barricades érigées sur les principaux axes et les heurts avec les forces de l’ordre ont transformé la ville en un champ de tensions permanentes. Le bilan humain, encore provisoire, fait état de cinq civils ayant perdu la vie durant ces manifestations, selon des sources locales concordantes. Au-delà du drame humain, c’est l’économie locale qui paie le prix fort.
Uvira, dont la survie économique dépend étroitement des échanges transfrontaliers avec le Burundi voisin, se trouve paralysée. Les petits commerçants, habituellement actifs dans la circulation des marchandises, sont dans l’impossibilité totale de quitter la zone ou de ravitailler la ville. Les marchés locaux, normalement approvisionnés quotidiennement, présentent des étals vides ou proposent des produits à des prix prohibitifs.
Cette crise sécuritaire au Sud-Kivu révèle une fois de plus la fragilité économique des zones frontalières de la RDC. La dépendance aux circuits commerciaux transfrontaliers rend ces populations particulièrement vulnérables à tout blocage des voies de communication. Les autorités provinciales se trouvent face à un défi complexe : apaiser les tensions sécuritaires tout en évitant l’effondrement économique d’une ville stratégique.
La situation à Uvira pose des questions cruciales sur la gouvernance sécuritaire dans l’Est de la RDC. Comment concilier les impératifs de sécurité avec la nécessaire fluidité des économies locales ? Jusqu’à quand la population devra-t-elle payer le prix de ces tensions récurrentes ? La réponse à ces interrogations déterminera la stabilité future de toute la région du Sud-Kivu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net