Le secteur de l’enseignement médical en République Démocratique du Congo traverse une période de turbulences institutionnelles sans précédent. La récente décision du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) d’autoriser uniquement 17 établissements à former des médecins a provoqué un séisme dans le paysage universitaire congolais. Comment une telle décision, aux implications si profondes, a-t-elle pu être prise sans concertation avec l’autorité de tutelle ?
Le ministère de l’Enseignement supérieur, universitaire, de la Recherche scientifique et de l’Innovation (ESU) a clairement rappelé les limites de compétence de chaque institution. Dans un communiqué officiel, le cabinet de la ministre Marie-Thérèse Sombo a souligné que le CNOM n’avait aucune légitimité pour effectuer un tel classement des établissements d’enseignement. Cette clarification était-elle vraiment nécessaire dans un État de droit ? Apparemment oui, tant les empiètements de compétences semblent devenus fréquents.
Le cœur du conflit réside dans la répartition des rôles entre l’ordre professionnel et l’autorité académique. Alors que le CNOM se préoccupe de la qualité de la formation médicale et du respect des standards professionnels, le ministère détient l’exclusivité du contrôle de la viabilité des établissements d’enseignement supérieur. Cette dualité de perspectives pourrait-elle finalement servir l’intérêt général si une collaboration constructive était établie ?
La communauté universitaire reste partagée face à cette crise. Certains doyens de faculté médecine RDC expriment leur inquiétude quant aux conséquences de cette polémique sur la qualité de la formation. « Nous avons besoin de stabilité et de clarté dans les règles du jeu », confie un professeur de médecine sous couvert d’anonymat. D’autres voient dans cette confrontation l’occasion de repenser fondamentalement le système d’accréditation universités médecine.
L’enjeu dépasse largement le simple conflit institutionnel. Derrière ces luttes de compétence se cachent des questions cruciales pour l’avenir de la santé en RDC. Comment garantir que les futurs médecins soient formés selon les standards internationaux tout en préservant la souveraineté académique du pays ? Quelle place pour l’ordre des médecins RDC dans un système où l’État garde la main sur l’enseignement supérieur Congo ?
Le ministère appelle à la sérénité mais exige le retrait pur et simple du communiqué du CNOM. Cette position ferme s’inscrit dans une volonté de rétablir l’ordre institutionnel et de garantir que les décisions relatives à l’organisation des filières médicales respectent scrupuleusement les textes légaux en vigueur. La balle est désormais dans le camp du CNOM, qui devra choisir entre la confrontation stérile et la recherche d’un dialogue constructif.
Cette crise met en lumière les défis de la régulation du secteur médical en RDC. Alors que le pays a besoin de médecins bien formés pour faire face à ses défis sanitaires, les institutions peurent-elles à trouver un équilibre entre contrôle qualité et autonomie académique ? L’enseignement supérieur Congo se trouve à la croisée des chemins, devant concilier excellence académique et réalité professionnelle.
La résolution de ce conflit ministère CNOM pourrait marquer un tournant décisif pour l’avenir de la formation médicale en RDC. Elle déterminera si le pays parvient à établir un système cohérent où chaque acteur trouve sa place dans le respect mutuel des compétences et des missions. L’enjeu n’est rien moins que l’avenir de la médecine congolaise et la santé de millions de citoyens.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
