Dans un contexte de tensions persistantes à l’Est de la République démocratique du Congo, la diplomatie belge opère un retour remarqué sur la scène congolaise. La rencontre entre Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, et Maxime Prévot, vice-Premier ministre belge, au Palais du Peuple ce mardi 19 août, révèle une volonté de Bruxelles de reprendre une place centrale dans la résolution de la crise sécuritaire qui ensanglante le Kivu.
Le ministre belge n’a pas mâché ses mots, dénonçant avec une franchise rare le silence assourdissant de l’Europe face au drame humanitaire qui se joue dans l’Est congolais. « Je suis chagriné que depuis les mesures édictées en février-mars dernier au niveau européen, la question du conflit dans l’est du Congo n’ait plus guère animé nos débats », a-t-il déclaré, pointant du doigt l’indifférence coupable de ses partenaires européens.
Cette prise de position ferme interroge : la Belgique cherche-t-elle à retrouver son influence perdue dans son ancienne colonie ? Le timing de cette visite, alors que les pourparlers de Washington et Doha piétinent, n’est certainement pas fortuit. Maxime Prévot semble vouloir positionner son pays comme médiateur incontournable, capable de relancer des processus de paix enlisés.
Face à cette offensive diplomatique, Vital Kamerhe a joué carte sur table. Le président de l’Assemblée nationale a salué le soutien belge tout en rappelant avec force l’urgence humanitaire. Son plaidoyer pour une aide substantielle aux populations martyres du Kivu sonnait comme un rappel à l’ordre : la communauté internationale regarde ailleurs alors que le Congo sombre dans une crise sans précédent.
La question sous-jacente à cet échange demeure : les beaux discours se traduiront-ils en actes concrets ? Le vice-Premier ministre belge a promis de « rectifier » le désintérêt européen, mais l’histoire récente des engagements internationaux en RDC inspire plus la méfiance que l’optimisme.
La diplomatie parlementaire congolaise, dont se revendique Vital Kamerhe, pourrait-elle constituer un levier décisif ? Le président de l’Assemblée nationale semble croire en cette piste, promettant un accompagnement actif du Parlement congolais aux initiatives de paix. Reste à savoir si cette volonté affichée survivra aux réalités politiques souvent complexes de la gouvernance congolaise.
La tournée africaine de Maxime Prévot, qui le mènera du Congo à l’Éthiopie en passant par le Kenya, dessine les contours d’une nouvelle stratégie belge en Afrique centrale. Bruxelles chercherait-elle à contrebalancer l’influence grandissante d’autres puissances dans la région ? La crise dans l’Est de la RDC devient le théâtre d’enjeux géopolitiques qui dépassent largement les frontières congolaises.
Alors que les pourparlers de Washington et Doha peinent à produire des résultats tangibles, l’implication renouvelée de la Belgique pourrait-elle changer la donne ? Rien n’est moins sûr, mais la franchise inhabituelle des échanges laisse entrevoir une possible rupture avec la diplomatie conventionnelle souvent critiquée pour son inefficacité.
Le véritable test sera dans les actes : la Belgique parviendra-t-elle à mobiliser une Union Européenne souvent divisée sur la question congolaise ? Les populations de l’Est de la RDC, otages d’un conflit qui n’en finit pas, attendent plus que des déclarations d’intention. Elles espèrent des actions concrètes qui mettront fin à des années de souffrances et d’indifférence internationale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net