Les flammes crépitantes ont englouti la modeste habitation en quelques minutes seulement, réduisant en cendres les souvenirs d’une vie entière. « Tout est parti si vite… mes papiers, les meubles, les photos de famille », murmure un habitant du quartier Mabanga-Sud, le regard perdu dans les décombres fumants. Vendredi 15 août, ce quartier populaire de la commune de Karisimbi à Goma a vécu l’horreur d’un incendie fulgurant dont l’origine reste mystérieuse.
Face au sinistre, l’unité anti-incendie de la MONUSCO a déployé une intervention d’urgence, mobilisant deux camions-citernes déversant près de 7 000 litres d’eau. Une course contre la montre pour étouffer les flammes menaçant de se propager dans ce secteur densément peuplé. « Sans leur rapidité, tout le pâté de maisons y passait », confie une commerçante voisine, encore secouée par l’odeur âcre de brûlé qui plane sur le quartier.
Ce drame à Mabanga-Sud s’inscrit dans une inquiétante série : en l’espace d’une semaine seulement, Goma a subi plusieurs incendies aux conséquences dramatiques. Si ce feu n’a heureusement causé ni pertes humaines ni blessés – un miracle dans ce contexte de vulnérabilité – d’autres ont été moins cléments, emportant des vies et anéantissant des biens précieux dans une ville où la reconstruction relève souvent du parcours du combattant.
Comment expliquer cette recrudescence soudaine de feux à Goma ? Les infrastructures vétustes, les branchements électriques anarchiques et l’extrême promiscuité des habitations transforment les quartiers en poudrières. À Karisimbi comme ailleurs, les risques incendie en RDC sont amplifiés par le manque criant de moyens des services locaux. La MONUSCO joue-t-elle dès lors un rôle de pompier ultime, palliant les carences d’un système débordé ?
Cette catastrophe à Mabanga-Sud soulève des questions brûlantes sur la prévention. Les habitants dénoncent l’absence de sensibilisation et l’insuffisance des équipements de première intervention. « On vit avec la peur au ventre. Qui nous protégera la prochaine fois ? » interroge un jeune père de famille, évoquant l’ombre des précédents drames. La précarité des matériaux de construction – tôles, bois, plastiques – transforme chaque étincelle en menace mortelle.
Derrière chaque incendie à Goma se cachent des vies brisées et un tissu social mis à rude épreuve. La perte des documents administratifs plonge les victimes dans un labyrinthe bureaucratique, tandis que la destruction des outils de travail ancre des familles entières dans la pauvreté. Cette catastrophe de Karisimbi, comme les autres, expose crûment l’urgence d’un plan global : renforcement des capacités locales, audits des installations électriques et campagnes de prévention dans les écoles et marchés.
Alors que les cendres de Mabanga-Sud refroidissent, une évidence s’impose : sans action coordonnée entre autorités congolaises et partenaires internationaux, Goma restera à la merci des flammes. La répétition de ces drames n’est-elle pas le signe d’un abandon plus profond, celui d’une population livrée à elle-même face aux risques quotidiens ? La réponse exigera plus que des camions-citernes – elle appellera une véritable politique de protection civile digne de ce nom.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net