« Aujourd’hui, nous avons 6 écoles qui ont tout perdu », déclare David Cikuru, la voix nouée par l’émotion. À Bukavu, la saison sèche transforme la ville en poudrière, réduisant en fumée l’avenir de milliers d’enfants. Les complexes scolaires Tupendane, Israël 4 et La Vertu 2 font partie des établissements rayés de la carte, leurs précieux dossiers pédagogiques partis en cendres. « Tous les documents importants calcinés », soupire l’acteur de la société civile, décrivant le désastre qui frappe les quartiers de Nyalukemba et Kanoshe.
Mais le drame dépasse les écoles détruites du Sud-Kivu. Un centre de santé vital de l’avenue Kimbangu, à Panzi, n’est plus que décombres fumants. « Les malades n’y arrivent pas », constate amèrement Cikuru. Non loin, un home pour vieillards a subi le même sort, privant les plus vulnérables de leur dernier refuge. Comment ces centres de santé pourront-ils retrouver leurs fonctions essentielles ? La question hante les habitants, confrontés à une double peine : perdre leur toit et leur accès aux soins.
Le bilan humain glace le sang : 13 vies emportées par les flammes, plus de 1000 habitations réduites en cendres. « Des milliers de personnes passent la nuit à la belle étoile », alerte Cikuru, soulignant l’urgence humanitaire. Ces incendies à répétition plongent Bukavu dans une crise sans précédent, transformant des quartiers entiers en paysages apocalyptiques où ne subsistent que des squelettes de tôle tordu.
Derrière ces tragédies, un schéma récurrent se dessine. Chaque année, la saison sèche révèle les mêmes négligences mortelles : installations électriques défaillantes, batteries de panneaux solaires surchauffées, et cette pratique insensée de stocker du combustible dans les maisons. La société civile dénonce ces dangers ignorés, ces bombes à retardement que constituent les jerricans d’essence entassés dans les concessions.
Face à l’ampleur des dégâts, un appel désespéré résonne. « Nous demandons aux autorités et humanitaires de réhabiliter d’urgence écoles et centres de santé », implore Cikuru. Les victimes des incendies en RDC attendent une réponse concrète, mais jusqu’où ira cette hécatombe si rien ne change ? Les enfants de Bukavu, privés de leurs salles de classe, regardent leur avenir partir en fumée avec leurs cahiers calcinés. Derrière les statistiques, c’est toute une communauté qui sombre dans la précarité, sacrifiée sur l’autel de l’incurie et des équipements dangereux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd