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Bukavu en cendres : 100 maisons dévorées par les flammes, la société civile sonne l’alerte incendie

Les cris déchirants des habitants résonnaient encore dans la fumée âcre ce samedi 14 juin, quand les dernières braises s’éteignirent sur les décombres de Bukavu. Un incendie implacable, surgi d’on ne sait où, a réduit en cendres plus de cent maisons, plongeant des familles entières dans le désarroi absolu. « Nous avons tout perdu en quinze minutes », murmure une survivante, les yeux rivés sur ce qui fut son salon, désormais paysage de tôles tordues et de mémoires calcinées.

Ce drame s’inscrit dans une série noire : pour la seule année 2024, Bukavu a déjà subi plus de 40 incendies dévastateurs selon les registres officiels. Des vies arrachées, des biens réduits en fumée, un bilan matériel catastrophique qui interpelle autant qu’il terrifie. Comment expliquer cette recrudescence de feux dans la capitale du Sud-Kivu ? Est-ce la fatalité ou le résultat de négligences accumulées ?

Face à l’urgence, la société civile monte au créneau. Hippocrate Marume du mouvement citoyen La Sentinelle lance un appel vibrant à la vigilance incendie en RDC : « En cette période de crise économique, chacun doit agir avec prudence. Faites appel à des techniciens qualifiés pour les installations électriques et solaires, surveillez les braseros de cuisine et réchauds à gaz, ne stockez pas de carburant dans les habitations, ne confiez jamais la cuisine aux enfants. » Des conseils de prévention feu au Congo qui sonnent comme un cri d’alarme dans une région où chaque étincelle peut transformer un quartier en brasier.

Les causes de ces catastrophes habitation au Sud-Kivu restent souvent mystérieuses, mais les spécialistes pointent des facteurs récurrents : réseaux électriques vétustes surnageant dans des mers de bidonvilles, utilisation hasardeuse de groupes électrogènes, et cette pratique dangereuse du « kaboxo » où le charbon ardent crépite à même le sol de terre battue. Autant de bombes à retardement dans une ville où la densité urbaine rend toute propagation fulgurante.

La catastrophe de ce week-end relance le débat sur l’impérieuse nécessité de politiques publiques structurées. Car au-delà des pertes matérielles, ces incendies à répétition creusent les inégalités sociales. Les plus pauvres, contraints de se réfugier dans des constructions précaires, paient le plus lourd tribut. « Quand le feu prend dans ces quartiers, c’est une traînée de poudre humaine », déplore un travailleur social sur place. Faut-il des brigades anti-incendies mieux équipées ? Des normes de construction adaptées ? Une sensibilisation massive ?

À Bukavu comme ailleurs en RDC, la prévention incendie reste le parent pauvre des politiques urbaines. Pourtant, chaque brasier éteint laisse derrière lui bien plus que des murs effondrés : un tissu social déchiré, des enfants sans cahiers d’école, des commerçants ruinés. Cette fois encore, la solidarité locale tente de colmater les brèches, mais jusqu’à quand ? Le véritable enjeu dépasse la reconstruction : il s’agit d’instaurer une culture collective du risque, avant que les prochaines flammes ne consument d’autres vies.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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