Plus de 3 600 civils ont fui en urgence les hauts plateaux de Kalehe (Sud-Kivu) ce mardi 20 mai, alors que les combats reprenaient violemment entre les groupes armés Wazalendo et les rebelles AFC-M23. Les affrontements concentrés autour du parc national de Kahuzi-Biega et du village de Bogamanda ont provoqué un nouvel exode massif vers le littoral du lac Kivu.
L’accalmie de cinq jours observée dans le groupement de Mbinga-Sud n’aura été qu’un répit trompeur. Dès les premières heures des hostilités, les villages de Kasheke, Tchofi et Cibanja se sont vidés. « Nous courions sous les tirs croisés en abandonnant tout », témoigne un déplacé sous couvert d’anonymat.
Les survivants errent désormais dans des conditions extrêmes. Près de 80% d’entre eux survivent grâce à la solidarité précaire des riverains du lac Kivu. L’eau potable fait cruellement défaut : les familles contraintes de consommer l’eau du lac présentent déjà des cas de diarrhées sanglantes.
La situation sécuritaire reste explosive. Des sources locales rapportent des exécutions sommaires par les rebelles AFC-M23 lors de ratissages à Bogamanda. « Quiconque est suspecté d’être Muzalendo est abattu sur place sans procès », dénonce un notable de la région.
Cette crise humanitaire oubliée atteint un point critique. Les infrastructures publiques saturées n’offrent qu’une protection illusoire contre les intempéries et les épidémies. Les organisations humanitaires peinent à accéder à la zone en raison de l’insécurité persistante.
Combien de temps ces populations pourront-elles tenir sans aide extérieure ? La communauté internationale reste sourde aux appels locaux tandis que le conflit M23-Wazalendo enterre toute perspective de stabilisation. Les déplacés de Kalehe incarnent désormais le visage le plus brutal de cette guerre larvée qui mine l’est de la RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net