Dans la chaleur étouffante de Lugushwa, au cœur du territoire de Mwenga, le sol a une fois de plus englouti des vies. Samedi 2 mai, sept creuseurs artisanaux, liés par les liens du sang, ont péri dans l’effondrement d’un puits d’or du site minier G7, situé dans le village de Mapale. Une tragédie de plus qui soulève des questions brûlantes sur les conditions de travail dans les mines artisanales du Sud-Kivu.
« Le bilan fait état de 7 morts suite à l’asphyxie dans ce puits d’or. Les personnes mortes sont de la même famille », déplore Hilaire Isombya, président du cadre de concertation de la société civile du territoire de Mwenga. Une famille décimée, des rêves réduits en poussière. Comment en est-on arrivé là ? Combien de drames similaires faudra-t-il encore déplorer avant que des mesures concrètes ne soient prises ?
Ce drame n’est malheureusement pas isolé. Mwenga, zone riche en minerais mais pauvre en infrastructures de sécurité, enregistre régulièrement des accidents mortels dans ses mines artisanales. Des puits creusés à la hâte, sans renforcement, sous le regard souvent indifférent des autorités. La société civile locale tire la sonnette d’alarme : « Nous appelons le SAEMAP (Service d’assistance et d’encadrement des exploitants miniers artisanaux) à aller au-delà du simple recouvrement des impôts », insiste Isombya. Un cri du cœur qui met en lumière le fossé entre les obligations fiscales et la protection des vies humaines.
Derrière ces chiffres glacants se cache une réalité sociale implacable. Des milliers de creuseurs, souvent issus de familles démunies, risquent quotidiennement leur vie pour extraire quelques grammes d’or. Sans équipement de protection, sans formation, sans surveillance technique. « On travaille comme des fourmis, dans la peur constante que la terre nous avale », confie anonymement un creuseur du site voisin de Kamituga. Une précarité organisée, un système où la rentabilité prime sur la dignité humaine.
Les acteurs locaux montent au créneau. « Il faut des sanctions contre tous ceux qui ferment les yeux sur les normes de sécurité », exige un membre d’une ONG locale. Mais dans une région où l’exploitation minière artisanale représente souvent la seule source de revenus, comment concilier survie économique et sécurité ? La question reste en suspens, tandis que les puits continuent de se transformer en tombeaux.
Cette tragédie relance le débat sur l’encadrement des mines artisanales en RDC. Alors que le pays ambitionne de devenir un acteur majeur dans l’exploitation responsable des minerais, force est de constater que sur le terrain, la réalité contraste cruellement avec les discours. Le SAEMAP, censé protéger les creuseurs, est-il réduit à un simple collecteur d’impôts ? Les autorités provinciales ont-elles les moyens – ou la volonté – d’imposer des normes strictes ?
En attendant, à Mapale, sept cercueils témoignent de l’urgence d’agir. Cette famille sacrifiée sur l’autel de l’or artisanal symbolise un mal plus profond : celui d’une gestion minière qui continue de privilégier le profit immédiat au détriment des vies humaines. Combien de Mwenga faudra-t-il pleurer avant que Kinshasa ne prenne ce dossier à bras-le-corps ? La balle est désormais dans le camp des décideurs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
