Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les combattants Wazalendo ont une nouvelle fois plongé Uvira dans un climat de violence ce jeudi 1er mai. Dès 5h00, des échanges de tirs nourris ont retenti dans le quartier de Kasenga, avant de gagner les collines dominant la ville du Sud-Kivu. Selon des témoins, les tensions couvaient depuis la veille, avec un déploiement militaire accru dans les zones stratégiques.
« Les tirs ont commencé à l’aube, puis tout a basculé vers les hauteurs », rapporte Kiza Tiniko, président des jeunes d’Uvira. Les quartiers de Kasenga et Kakombe, situés aux abords de la ville, ont rapidement été le théâtre d’affrontements sporadiques. Une source locale évoque des mouvements de troupes « massifs » dès la soirée du 30 avril, annonciateurs d’une escalade imminente.
Vers 10h00, une accalmie relative est observée en centre-ville, mais les combats se sont poursuivis dans les reliefs environnants. Des résidents, terrés chez eux, décrivent des scènes de panique et des déplacements précipités. « Personne ne comprend pourquoi des alliés d’hier s’entretuent aujourd’hui », lâche un habitant sous couvert d’anonymat.
Ces violences interviennent une semaine après un premier choc entre les deux groupes, pourtant unis face à l’offensive du M23. La rivalité autour du contrôle des positions stratégiques — postes de sécurité, axes routiers et points élevés — serait au cœur des tensions. Uvira, devenue capitale provisoire du Sud-Kivu depuis la chute de Bukavu, cristallise les enjeux de pouvoir et d’influence.
Quelles sont les réelles motivations derrière ces affrontements récurrents ? Les versions divergent. Certains acteurs locaux pointent des désaccords sur la répartition des zones d’opération, tandis que d’autres évoquent des rivalités personnelles entre commandants. Les autorités provinciales, jointes par nos soins, restent évasives, promettant « une enquête approfondie ».
Sur le terrain, le bilan humain reste incertain. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué, mais des sources hospitalières font état de « blessés par balle » et de dégâts matériels limités. La Mission des Nations unies au Congo (MONUSCO) a renforcé ses patrouilles, sans intervenir directement.
Cette recrudescence de violence interroge sur la cohésion des forces pro-gouvernementales dans l’Est congolais. Alors que le M23 progresse dans d’autres zones, ces divisions internes pourraient fragiliser le front commun contre les groupes armés. Uvira, ville-carrefour frontalière du Burundi, représente un enjeu sécuritaire et économique majeur. Sa stabilité conditionne celle de toute la région.
Les dernières heures ont vu un retour progressif au calme, mais la tension persiste. Les habitants, habitués aux soubresauts de la guerre, redoutent une nouvelle flambée nocturne. « Nous vivons avec la peur au ventre depuis des mois », confie une commerçante du marché central. En l’absence de médiation visible, beaucoup s’interrogent : jusqu’où iront ces combats fratricides ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd