Les tensions autour des conflits fonciers à Mbuji-Mayi semblent enfin prises au sérieux. Le ministre des Affaires foncières de la République Démocratique du Congo a dépêché une délégation dans cette ville du Kasaï-Oriental pour tenter de résoudre un problème qui perdure depuis des années : les désaccords entre les originaires Bakwanga et la Société Minière de Bakwanga (MIBA). Une initiative qui soulève des espoirs mais aussi des interrogations.
Selon Boniface Makandungu, directeur et chef de service de l’inspection au secrétariat général des affaires foncières, cette mission a pour objectif d’apporter une solution durable à une situation qui perturbe l’ordre et la paix sociale. “Nous sommes venus en mission officielle suite à la récente rencontre avec le ministre provincial des Affaires foncières sur les tensions persistantes entre les Bakwanga et la MIBA. Cette situation crée une insécurité, car il y a ceux qui ont acheté des portions de terre et y ont construit des immeubles. Mais à cause de ce conflit, l’administration foncière provinciale se trouve dans l’incapacité de leur délivrer des titres. Nous sommes ici pour faire la lumière sur ces problèmes et proposer des mesures concrètes”, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse au gouvernorat.
Les conflits fonciers ne sont pas un nouveau problème dans cette région diamantifère, mais ils ont pris une tournure inquiétante après les affrontements survenus le lundi 24 février 2025. Ces affrontements ont impliqué des élèves de l’École Secondaire Générale et Technique de Kanshi (ESGTK) et des originaires Bakwanga. En toile de fond, la construction d’édifices sur de présumées concessions de l’école, un sujet qui divise profondément. Le ministre provincial des Affaires foncières a lui aussi dénoncé la montée des tensions, tout en appelant à une intervention urgente pour rétablir l’ordre.
Ce climat tendu met en lumière non seulement les lacunes administratives dans la gestion foncière, mais aussi le vide laissé par la MIBA dans ses responsabilités sociales. Les originaires Bakwanga et les élèves expriment leur frustration par des actes violents, illustrant l’urgence de trouver une solution durable. Ce contexte délicat complique davantage l’acquisition de titres fonciers pour ceux qui ont légalement acheté des terrains dans la région, aggravant ainsi les perceptions d’injustice institutionnelle.
Prévue pour durer sept jours, cette mission d’enquête est perçue comme un tournant important. Le gouverneur de province, Jean-Paul Mbuebwa Kapo, a assuré son soutien total pour garantir des résultats concrets. Mais les habitants de Mbuji-Mayi attendent plus que des promesses : une action immédiate pour apaiser les tensions et apporter des solutions pérennes à des décennies d’inégalités.
Dans un pays où les conflits fonciers constituent souvent une poudrière aux conséquences dramatiques, la mission actuelle pourrait-elle servir de modèle pour d’autres régions confrontées à des problématiques similaires ? Une chose est sûre, les prochains jours seront déterminants pour l’avenir de Mbuji-Mayi et des relations entre les Bakwanga, la MIBA et les habitants.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd