Les tensions sécuritaires dans le Kwilu ont connu une escalade dramatique ce week-end. Au moins vingt vies ont été fauchées lors de violents combats ayant opposé les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux miliciens Mobondo dans la zone de Kikwit. Le bilan, lourd, fait état de quinze assaillants et de cinq soldats tués, plongeant la région dans un climat de deuil et d’inquiétude renouvelée.
En réponse à cette attaque, l’armée a mené une opération de représailles et de sécurisation. Dimanche, les autorités militaires ont organisé une présentation à la presse des preuves de leur engagement sur le terrain. Des armes et divers documents, saisis lors de raids ciblés dans les villages de Bolingo et Nkana, ont été exposés. Cette saisie d’armes à Kikwit comprend un arsenal significatif : vingt-neuf armes de calibre 12, six fusils d’assaut AK-47 et plusieurs pièces d’identité appartenant aux miliciens.
Le capitaine Antony Mualushay, porte-parole régional des FARDC, a livré un discours sans concession. Il a réaffirmé avec force la détermination inébranlable des forces gouvernementales à éradiquer ce qu’il qualifie de « menace directe aux portes de Kinshasa ». La perte de cinq militaires, tués par des armes de guerre et non par des moyens rudimentaires, est un indicateur grave pour l’armée. Ces affrontements Mobondo FARDC ne relèveraient pas de simples escarmouches isolées. Selon l’officier, les preuves recueillies pointent vers l’existence d’une « rébellion structurée », bien organisée et dangereusement équipée.
Les déclarations du capitaine Mualushay ont pris un tour résolument politique et ferme. « Ils peuvent se cacher dans la majorité présidentielle ou dans l’opposition politique, mais l’armée n’a pas de couleur et nous travaillons pour la République », a-t-il averti. Ce message sonne comme un avertissement clair à toute forme de soutien, explicite ou implicite, au mouvement Mobondo. La détermination affichée est de traquer et de neutraliser tous les commanditaires, « qu’ils agissent directement ou indirectement ». Cette prise de parole vise autant à rassurer la population qu’à dissuader d’éventuels soutiens politiques ou logistiques à la milice.
La localisation de ces événements, à Kikwit dans la province du Kwilu, n’est pas anodine. Cette zone, relativement proche de la capitale Kinshasa, représente un enjeu stratégique majeur. L’émergence et la persistance d’un groupe armé aussi bien équipé si près du centre nerveux du pays posent des questions cruciales sur la sécurité nationale. D’où viennent ces armes ? Qui finance et approvisionne ces miliciens Mobondo du Kwilu ? La capacité des Mobondo à se réarmer et à mener des assauts meurtriers contre l’armée régulière interpelle et exige des réponses au plus haut niveau.
Les récents affrontements à Kikwit et la fermeté de la réponse militaire soulignent la complexité de la situation sécuritaire dans cette partie de la RDC. Le conflit armé à Kikwit dépasse le cadre d’une insurrection locale ; il est perçu par les autorités comme un défi à l’autorité de l’État qu’il faut absolument contenir. La population, prise en étau entre les violences des miliciens et les opérations militaires, vit dans une peur constante, ses activités quotidiennes paralysées par l’insécurité.
La présentation des armes saisies est un acte de communication fort. Elle vise à démontrer l’efficacité des opérations des FARDC et à légitimer leur action auprès de l’opinion publique. Cependant, elle révèle aussi l’ampleur du défi. La présence de fusils AK-47, des armes de guerre par excellence, confirme les pires craintes sur la militarisation de ce conflit. La rébellion Mobondo en RDC semble avoir accru ses capacités opérationnelles, transformant une menace diffuse en un adversaire structuré.
Quelles seront les suites données à ces événements ? L’armée promet de poursuivre et d’intensifier ses opérations pour « mettre hors d’état de nuire » les responsables. La voie du dialogue semble, pour le moment, éclipsée par la logique de la confrontation armée. La stabilisation de la région du Kwilu passe-t-elle uniquement par une solution militaire, ou une approche plus globale, incluant des dimensions politique et socio-économique, est-elle envisageable ? La résolution de ce conflit est un impératif pour la paix et la stabilité de toute la région, d’autant plus que l’épicentre des violences se trouve aux portes de la capitale.
Le dernier bilan des affrontements à Kikwit est un rappel sombre de la fragilité persistante de la sécurité dans certaines provinces de la RDC. Alors que les FARDC affichent leur volonté de vaincre, la population espère une issue rapide à ces violences qui ensanglantent leur territoire. Les prochains jours seront décisifs pour voir si la pression militaire suffira à démanteler les réseaux des miliciens Mobondo ou si le cycle infernal des violences est appelé à se poursuivre.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
