Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont annoncé, ce samedi 27 décembre, la reprise totale des agglomérations de Makobola 1 et 2. Cette avancée significative dans le territoire de Fizi, au Sud-Kivu, a été confirmée par le porte-parole militaire, le général-major Sylvain Ekenge, lors d’une intervention sur les ondes de la RTNC. Cette déclaration marque un tournant dans les opérations de sécurisation de cette région instable de l’est du pays.
Selon les déclarations officielles, les combats contre les rebelles de l’AFC/M23 se poursuivent avec intensité à seulement sept kilomètres de la cité stratégique d’Uvira, plus précisément dans les localités de Katongo et Kabimba. La situation reste donc extrêmement volatile, malgré le succès affiché à Makobola. La proximité des affrontements avec un centre urbain majeur du Sud-Kivu soulève des inquiétudes quant à une possible escalade et à la protection des civils.
Le général Sylvain Ekenge a tenu un discours ferme, appelant à une prise de conscience nationale. « Nous sommes distraits par des histoires invraisemblables, surtout nous qui sommes ici à Kinshasa », a-t-il lancé, pointant du doigt un décalage perçu entre la réalité du front et les préoccupations dans la capitale. Son message était clair : la guerre dans l’Est est une épreuve pour l’ensemble de la nation, et sa résolution nécessite l’engagement de tous. La défense du territoire, a-t-il rappelé, est une responsabilité collective qui dépasse le seul cadre militaire.
Cependant, cet optimisme affiché par le commandement militaire contraste avec les rapports provenant du terrain. Des sources locales, interrogées en marge de cette annonce, maintiennent que les rebelles du M23 conservent un contrôle effectif sur une partie de la zone, notamment sur la ville d’Uvira jusqu’à Kinongo. Cette divergence entre la communication officielle des FARDC et les observations des habitants et acteurs locaux jette une ombre sur la portée réelle de cette « reprise de contrôle ». S’agit-il d’une consolidation durable ou d’un répit temporaire dans un conflit qui use les populations depuis des années ?
Le conflit dans le territoire de Fizi, et plus largement dans le Sud-Kivu, est l’un des épineux dossiers sécuritaires de la RDC. L’enclavement de la région, la multiplicité des groupes armés et les tensions communautaires historiques compliquent toute opération de pacification. La reprise de Makobola par les FARDC représente sans doute une victoire tactique, mais le chemin vers une stabilisation définitive de la région du Sud-Kivu semble encore long. La capacité des forces gouvernementales à tenir ces positions et à empêcher le retour des combattants du M23 sera scrutée dans les prochains jours.
L’intervention du général Ekenge soulève également une question fondamentale sur la perception de la guerre à l’Est. Comment une nation peut-elle mener une lutte efficace si une partie de sa population et de ses élites semble, selon ses termes, « distraite » ? La sensibilisation qu’il appelle de ses vœux est-elle en train d’émerger, ou le fossé entre Kinshasa et les provinces en conflit reste-t-il un obstacle majeur à l’unité d’action ?
Alors que les échos des combats résonnent aux portes d’Uvira, la population de Fizi vit dans l’attente et l’incertitude. Les annonces de victoire militaire sont cruciales pour le moral des troupes et des citoyens, mais elles doivent être corroborées par une amélioration tangible de la sécurité au quotidien. La suite des opérations des FARDC dans le secteur, ainsi que la réaction des forces du M23, détermineront si Makobola est devenu un symbole de reconquête ou un simple point sur une carte militairement mouvante. La communauté internationale, observatrice attentive de la situation en RDC, suivra de près cette évolution dans le Sud-Kivu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
