L’année 2025 aura-t-elle marqué un véritable tournant pour l’éducation en République Démocratique du Congo ? Les chiffres révélés par le ministère de l’Éducation nationale sont, en tout cas, porteurs d’un espoir tangible. Pour la première fois, plus de cinq millions d’enfants supplémentaires ont pu accéder à l’éducation de base, allégeant considérablement le fardeau financier qui pesait sur des millions de ménages congolais. Cette progression historique interroge : s’agit-il d’un simple effet d’annonce ou d’une transformation structurelle durable du système éducatif congolais ?
Derrière cette statistique se cache un effort colossal d’infrastructure. Partout sur le territoire, 1 384 établissements scolaires ont été construits ou réceptionnés. Cette matérialisation de l’école dans des zones rurales et enclavées est fondamentale. Elle rapproche le savoir des communautés qui en étaient autrefois privées, répondant ainsi à un enjeu crucial d’accès éducation de base RDC. Mais construire des murs ne suffit pas. La vraie révolution semble être venue de la modernisation des processus.
En effet, le rapport annuel met en lumière une réforme majeure qui a bouleversé le paysage scolaire : la refonte de l’Examen d’État. Désormais, la correction est automatisée et assistée par l’intelligence artificielle, tandis que les diplômes sont sécurisés via la technologie blockchain. Cette innovation, que l’on peut qualifier d’Examen d’État IA blockchain, a permis une publication des résultats en un temps record, renforçant la transparence et l’authenticité des titres délivrés. La crédibilité du baccalauréat congolais en sort grandie, tant au niveau national qu’international. Ne serait-ce pas là le premier pas vers une reconnaissance accrue des compétences locales ?
Le contexte sécuritaire volatile, notamment dans l’Est du pays, n’a pas entravé cet élan. Le ministère a fait preuve d’une réactivité remarquable en garantissant l’organisation des épreuves nationales et en prenant en charge les frais d’évaluation pour les candidats des zones touchées par les conflits. Cette mesure d’équité concrétise la promesse d’égalité des chances, un principe souvent invoqué mais rarement appliqué avec une telle déterminité dans des circonstances aussi difficiles.
L’amélioration ne s’est pas limitée aux élèves. La gouvernance interne a également été assainie. En signant le code de conduite de l’Agent public, le ministère s’est engagé sur la voie de l’exemplarité. Plus concret encore, une opération de nettoyage du fichier de paie a permis d’économiser 11 milliards de francs congolais rien qu’à Kinshasa. Ces fonds, réinjectés dans le système, contribuent au rajeunissement et à la professionnalisation du corps enseignant, un pilier essentiel de la qualité de l’éducation RDC 2025.
Au-delà des chiffres et des infrastructures, une dimension citoyenne a été insufflée. Le serment du citoyen, le salut au drapeau et l’hymne national rythment désormais la vie de nombreuses écoles. Ces rituels, symboles d’une Nouvelle Citoyenneté, visent à cultiver un sentiment d’appartenance nationale et une éthique de responsabilité chez les jeunes générations. Former des esprits, mais aussi des citoyens conscients et engagés, devient ainsi un objectif affiché.
Et demain ? Les perspectives stratégiques esquissées pour les années à venir sont ambitieuses. La validation d’une Stratégie nationale d’alimentation scolaire vise à améliorer les conditions d’apprentissage, reconnaissant qu’un élève nourri est un élève qui apprend mieux. Surtout, une feuille de route a été présentée pour étendre progressivement la gratuité éducation RDC au cycle terminal de l’Éducation de base. Cette perspective est cruciale pour consolider les acquis et garantir que l’élan de 2025 ne soit pas un feu de paille.
Les progrès enregistrés sont indéniables et constituent une base solide. Toutefois, des défis immenses persistent. La qualité des enseignements, la formation continue des professeurs, et l’équipement des nouvelles écoles en matériel pédagogique adéquat restent des chantiers prioritaires. L’année 2025 a prouvé qu’une impulsion politique forte pouvait engendrer des résultats concrets. Le défi est maintenant de maintenir ce cap, de pérenniser les réformes et de s’assurer que chaque enfant congolais, où qu’il soit, puisse bénéficier d’une éducation de qualité, gratuite et inclusive. La route est encore longue, mais les premiers kilomètres parcourus donnent enfin le sentiment d’être sur la bonne voie.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
