Une lueur d’espoir se dessine à Beni, dans la province troublée du Nord-Kivu. Après des mois de terreur et d’abandon, les agriculteurs du quartier Pasisi retrouvent le chemin de leurs champs. Cette reprise timide des activités agricoles fait suite à une série d’opérations militaires ciblées contre les groupes rebelles des Forces Démocratiques Alliées (ADF). La pacification de ce secteur, situé dans la partie ouest de la ville de Beni, est saluée localement comme une victoire significative pour la sécurité des populations civiles.
Pendant le premier semestre de l’année 2025, la situation était radicalement différente. L’activisme violent des rebelles ADF paralysait la vie économique et sociale. Les champs, sources de nourriture et de revenus, étaient devenus des zones de grand danger, inaccessibles pour les paysans. L’insécurité chronique menaçait la subsistance même des familles, plongeant la communauté dans l’angoisse et la précarité alimentaire.
Comment expliquer ce revirement ? Les forces de défense et de sécurité ont intensifié leurs efforts au cours du dernier semestre. Une pression militaire soutenue a été exercée sur les sanctuaires et les axes de mouvement des combattants ADF. Ces opérations militaires dans le Nord-Kivu, bien que complexes et semées d’embûches, ont visiblement porté leurs fruits dans le périmètre de Pasisi. La présence sécuritaire renforcée a créé un environnement propice au retour à une vie normale, ou du moins, à une vie moins dangereuse.
« Pour le dernier semestre de cette année, je remercie sincèrement les autorités militaires pour les efforts qu’elles ont fournis », a déclaré le chef du quartier Pasisi, Jean de Dieu Kanzoka. Son témoignage, recueilli fin décembre, souligne un changement palpable. « Même les gens sont en train de récolter leurs cultures sans problème, sans aucune inquiétude. En tout cas, le quartier est pacifié. » Ce constat d’un responsable local est crucial. Il atteste d’une amélioration concrète vécue par les habitants, au-delà des simples communiqués officiels.
La pacification de Pasisi est plus qu’un succès tactique ; elle est un souffle pour une population meurtrie. Les agriculteurs de Beni peuvent enfin se consacrer à leurs semailles et à leurs récoltes, activité vitale pour l’économie de subsistance régionale. Cette reprise des activités champêtres redonne un semblant de normalité et d’autonomie à des familles qui vivaient dans la crainte permanente. Peut-on pour autant crier victoire définitive sur l’instabilité dans la région du Nord-Kivu ?
Si la situation s’est améliorée à Pasisi, la prudence reste de mise. Les groupes ADF ont démontré par le passé une capacité de résilience et d’adaptation inquiétante. Leur mode opératoire, basé sur la mobilité et la surprise, nécessite une vigilance constante. La sécurité des agriculteurs à Beni reste tributaire de la pérennisation des gains militaires et d’une présence dissuasive des forces loyalistes. La communauté internationale et les observateurs suivent de près l’évolution de ces opérations militaires, cruciales pour la stabilisation de l’Est de la République Démocratique du Congo.
L’accalmie actuelle a également une dimension sociale et psychologique. Elle permet aux habitants d’envisager des moments de rassemblement et de célébration avec moins d’appréhension. Jean de Dieu Kanzoka l’a exprimé avec un optimisme mesuré : il est persuadé que ses administrés pourront passer les fêtes de fin d’année dans de meilleures conditions. Cet espoir de normalité, après une période de conflit et de peur, est en soi un progrès immense pour une communauté qui aspire simplement à la paix.
Le défi, maintenant, est de consolider cette fragile paix. Le retour aux champs est une première étape indispensable, mais elle doit être suivie par des mesures de confiance et de développement. La population de Beni, et particulièrement les agriculteurs, a besoin de garanties sur la durabilité de cette sécurité retrouvée. Les opérations militaires contre les ADF doivent se poursuivre et s’inscrire dans une stratégie globale intégrant le développement socio-économique. La stabilisation du Nord-Kivu passe par la capacité des civils à vivre, travailler et cultiver en toute sécurité, loin de la menace des groupes armés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
