La forêt congolaise, poumon vert de l’Afrique, respire-t-elle un peu mieux ? Un programme ambitieux tente de lui redonner vie, plantant des arbres comme des boucliers contre la déforestation. En République Démocratique du Congo, le Programme d’appui à la mise en valeur durable des zones de savanes et forêts dégradées (PSFD RDC) affiche des résultats tangibles, mais le combat pour préserver l’environnement est loin d’être gagné.
Entre juin 2022 et décembre 2025, le projet a transplanté avec succès au moins 6 800 hectares de cultures pérennes sur un objectif initial de 7 477 hectares. Ces chiffres, dévoilés par le coordonnateur national Willy Makiadi lors d’un comité de pilotage à Kinshasa, représentent un taux de réalisation impressionnant de plus de 90%. Une lueur d’espoir dans un paysage souvent marqué par le recul inexorable de la forêt.
Cette initiative, déployée dans les provinces de la Tshopo et du Kwilu, a un objectif double et vital : soutenir les communautés paysannes tout en combattant la déforestation. En encourageant les cultures pérennes comme le café, le cacao ou les arbres fruitiers, le PSFD offre une alternative économique à la pratique destructrice de l’agriculture sur brûlis, qui grignote chaque année des milliers d’hectares de forêt primaire. Il s’agit ni plus ni moins de détourner les agriculteurs de la dégradation de la forêt pour les concentrer sur des productions stables et durables, comme l’a souligné un représentant de l’Agence Française de Développement (AFD).
Mais ce succès n’est qu’une étape. L’urgence reste totale. Le programme vise désormais une nouvelle phase d’expansion, avec le soutien financier additionnel de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale (CAFI). L’objectif ? Transplanter plus de 12 000 hectares de cultures d’ici fin 2027. Une ambition nécessaire face à l’ampleur du défi écologique. Le ministre d’État en charge de l’Agriculture voit dans ce projet une pierre angulaire de la stratégie gouvernementale, une « revanche du sol sur le sous-sol » qui tente de rééquilibrer l’économie nationale souvent focalisée sur les ressources minières.
Le PSFD est pionnier en RDC par son utilisation du mécanisme de paiement des services environnementaux. Concrètement, les communautés sont rémunérées pour préserver la forêt et restaurer les terres dégradées, faisant de la protection de l’environnement un véritable métier. Cette approche innovante pourrait-elle être la clé d’une agriculture durable à grande échelle ? Elle montre en tout cas qu’une reforestation au Congo est possible lorsqu’elle s’accompagne d’une perspective économique tangible pour les populations locales.
Pourtant, des questions persistent. 6 800 hectares, est-ce suffisant face à l’immensité du bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical au monde ? La pression foncière, la pauvreté et la recherche de terres arables continuent de pousser les fronts de déforestation. Le chemin vers une transition écologique solide est encore long. La réussite du PSFD doit servir de modèle et être répliquée urgemment.
La bataille pour les forêts congolaises se gagne ainsi hectare par hectare, arbre par arbre. Les cultures pérennes transplantées sont plus que des plants ; ce sont des racines pour un avenir où la prospérité économique ne se ferait plus au détriment du patrimoine forestier. L’engagement du PSFD RDC est un signal fort, mais il ne doit pas rester isolé. La survie de la forêt, régulateur climatique mondial, dépend de l’amplification de tels projets et d’une volonté politique inébranlable. La reforestation Congo n’est pas une option, c’est une nécessité absolue pour les générations futures.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
