Une lueur d’espoir perce à travers les savanes et forêts dégradées de la République Démocratique du Congo. Alors que le pays est régulièrement au cœur des préoccupations mondiales pour la lutte contre la déforestation, un programme innovant montre que des solutions concrètes existent. Le Programme d’appui à la mise à valeur durable des zones de savanes et forêts dégradées (PSFD) vient en effet de dévoiler des résultats plus qu’encourageants. En trois ans et demi, plus de 6800 hectares de cultures pérennes ont été transplantés, soit plus de 90% des objectifs initiaux. Un succès qui pourrait bien redessiner l’avenir agricole et écologique de plusieurs provinces du pays.
L’annonce a été faite par le coordonnateur national du projet, Willy Makiadi, lors d’un Comité de pilotage à Kinshasa. Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques. Ils représentent une véritable victoire dans le combat contre la dégradation des écosystèmes. Les provinces de la Tshopo et du Kwilu, théâtres de ce projet ambitieux, sont en première ligne. L’objectif est clair : soutenir les communautés paysannes tout en offrant une alternative durable à la déforestation. Car le lien est direct : lorsque l’agriculteur trouve une source de revenus stable avec des plantations durables, la pression sur la forêt primaire diminue. N’est-ce pas là le cœur d’une véritable transition écologique ?
Le PSFD RDC ne s’arrête pas à ces résultats. Fort de son succès et avec un soutien financier renforcé de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale (CAFI), le programme vise désormais des horizons plus larges. L’ambition est de transplanter plus de 12 000 hectares supplémentaires d’ici fin 2027. Cette ambition s’inscrit dans une stratégie plus large, décrite par le ministre d’État en charge de l’Agriculture comme « la revanche du sol sur le sous-sol ». Une formule puissante qui symbolise la volonté de valoriser la richesse agricole et forestière durable, par opposition à l’exploitation minière souvent destructrice.
Quel est le secret de cette approche ? Le PSFD est pionnier en RDC en utilisant le mécanisme du paiement des services environnementaux. Concrètement, les agriculteurs sont rémunérés pour les bénéfices écologiques que génèrent leurs pratiques durables, comme le stockage du carbone ou la protection de la biodiversité. Le directeur de l’Agence française de développement (AFD), partenaire clé du projet, résume la mission finale : détourner les agriculteurs de la dégradation de la forêt et les concentrer sur des productions agricoles pérennes. Il s’agit d’une réorientation fondamentale du modèle économique local.
Les cultures pérennes, telles que le cacao, le café, l’hévéa ou les fruitiers, sont au centre de cette révolution silencieuse. Contrairement aux cultures annuelles comme le manioc ou le maïs, qui épuisent les sols et poussent à la déforestation itinérante, les pérennes s’installent pour des décennies. Elles créent un couvert forestier, enrichissent les sols, et garantissent un revenu aux familles sur le long terme. Cette agriculture durable représente donc un pilier essentiel de la lutte contre la déforestation. Chaque hectare planté est un hectare de forêt primaire potentiellement sauvé de la hache et du feu.
Le chemin reste long, mais la dynamique est lancée. La réussite du PSFD démontre qu’avec des financements adaptés, comme ceux de CAFI, et une volonté politique affirmée, il est possible de concilier développement rural et préservation de l’environnement. La forêt congolaise, ce poumon de la planète en détresse, peut commencer à respirer un peu mieux grâce à ces initiatives. L’enjeu n’est pas seulement local ou national ; il est mondial. La protection des tourbières et de la biodiversité unique du bassin du Congo en dépend. La transition vers une agriculture résiliente et respectueuse des écosystèmes n’est plus une option, mais une nécessité vitale pour l’avenir du pays et de la planète. Le temps est à l’action, et le PSFD en montre la voie.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net
