Le président de la Commission de l’Union africaine, Mohamed Ali Youssouf, a effectué une visite de travail à Kinshasa ce jeudi, où il a rencontré le président congolais Félix Tshisekedi. Lors de cette audience, il a réaffirmé l’engagement de l’UA à accompagner la République démocratique du Congo dans sa quête de paix, particulièrement dans l’Est du pays, secoué par ce que les autorités congolaises qualifient d’agression rwandaise. « L’Afrique n’a pas abandonné la RDC et l’Union africaine souhaite que ce pays retrouve la paix et la stabilité », a déclaré M. Youssouf, selon un communiqué de la présidence.
Cette visite présidentielle de l’Union africaine en RDC intervient dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu. Malgré la signature de l’accord de paix de Washington en présence des présidents Tshisekedi et Kagame, sous médiation américaine, la situation dans les provinces orientales ne cesse de se dégrader. Les discussions entre les deux dirigeants ont notamment porté sur la guerre d’agression attribuée au Rwanda et sur le rôle que l’UA pourrait jouer pour soutenir les processus de paix engagés, notamment ceux de Washington et de Doha.
Comment expliquer cette persistance de l’instabilité malgré les engagements internationaux ? L’accord de Washington, censé mettre un terme aux hostilités, est régulièrement violé par le Rwanda et son supplétif, le groupe rebelle M23. À peine signé, les forces rwandaises et le M23 ont tenté d’occuper le territoire d’Uvira, dans le Sud-Kivu, provoquant une recrudescence des violences. Le gouvernement américain, garant de l’accord, a dû intervenir pour exiger le retrait des troupes rwandaises, une injonction à laquelle Kigali a partiellement cédé, mais sans que le M23 ne quitte réellement la zone.
La communauté internationale observe avec inquiétude cette escalade. La semaine dernière, l’ambassadeur de l’Union européenne en RDC, Martines Berlanga, en fin de mandat, a recommandé au gouvernement Trump de s’impliquer davantage pour faire respecter l’accord de Washington. Cette position reflète une préoccupation croissante face aux manœuvres du régime de Kigali, accusé de saborder les efforts de paix. Le gouvernement provincial du Sud-Kivu a d’ailleurs dénoncé jeudi l’annonce d’un retrait du M23 d’Uvira comme une « manœuvre de dissimulation » destinée à apaiser la pression internationale sans changement sur le terrain.
Les conséquences humanitaires sont désastreuses. Selon le gouvernement congolais, pas moins de 4130 civils ont été tués en moins d’une semaine dans le territoire d’Uvira, victimes des exactions des rebelles. Ces chiffres, s’ils sont confirmés, illustrent l’urgence d’une action concertée pour protéger les populations et restaurer l’autorité de l’État. La paix est-elle encore possible à l’Est de la RDC ? La visite du président de la Commission de l’UA apporte un message d’espoir, mais aussi un rappel des défis immenses.
L’Union africaine, par la voix de Mohamed Ali Youssouf, semble déterminée à jouer un rôle plus actif. Cependant, son efficacité dépendra de sa capacité à mobiliser ses membres et à exercer une pression diplomatique sur le Rwanda. Les processus de paix de Washington et de Doha nécessitent une surveillance étroite et une mise en œuvre ferme. Sans une volonté politique forte de la part de tous les acteurs, y compris des garants internationaux, les cycles de violence risquent de se perpétuer.
En définitive, la visite présidentielle de l’UA à Kinshasa symbolise un soutien crucial pour la RDC, mais elle met également en lumière les limites des mécanismes de paix actuels. La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale pour traduire les paroles en actes et imposer le respect des accords. L’agression rwandaise et les activités du M23 à Uvira constituent un test décisif pour la crédibilité de l’Union africaine et de ses partenaires dans la recherche d’une solution durable.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
