La commune de Maluku, en périphérie de Kinshasa, a de nouveau été le théâtre de violences meurtrières ce mardi. Des affrontements prolongés ont opposé les habitants du village Mpukinsele à des miliciens appartenant au groupe Mobondo. Un bilan provisoire, toujours susceptible d’évoluer, fait état d’au moins deux personnes tuées. Ces incidents interviennent dans un contexte d’insécurité récurrente dans cette zone, rappelant douloureusement le drame survenu à Nkana il y a quelques semaines seulement.
Selon le bourgmestre de la commune, Alexis Mamba Mundoni, les combats ont duré plusieurs heures, créant un climat de terreur pour la population locale. Contrairement à ce qui est souvent observé dans de telles situations, les civils n’ont pas fui leur village. Ils sont restés sur place et, fait notable, ont fini par mettre en déroute les assaillants après une résistance acharnée. « Les habitants ne se sont pas déplacés, ils ont plutôt fait fuir les miliciens après le combat », a-t-il confirmé, tout en soulignant la persistance de la menace. « Les miliciens n’ont pas quitté le plateau. Ils sont toujours là. » Cette résistance civile, bien que couronnée d’un succès défensif, souligne la vulnérabilité extrême des populations face à des groupes armés.
Les motivations précises de cette nouvelle incursion des miliciens Mobondo restent à clarifier. Ce groupe est tristement connu pour ses actions violentes dans la région, souvent liées à des conflits fonciers ou communautaires complexes. L’insécurité à Kinshasa et ses environs prend parfois des formes multiples, et ces violences à Maluku en sont une manifestation alarmante. Comment une capitale peut-elle être si proche de telles zones de non-droit ? La question de la protection des civils dans les périphéries urbaines se pose avec une acuité renouvelée.
Ce nouvel épisode sanglant résonne comme un sinistre écho aux événements du 23 novembre dernier. À cette date, une attaque des miliciens Mobondo sur le village de Nkana, dans le territoire de Kwamouth, avait provoqué un véritable massacre. Le bilan officiel avait alors fait froid dans le dos : 21 morts, dont des civils exécutés de sang-froid. Parmi les victimes figuraient trois enfants âgés d’à peine cinq ans. L’armée avait, de son côté, livré un décompte de 19 morts, dont 13 civils. Ces chiffres, qui divergent légèrement, ne changent rien à l’horreur de la situation et à l’impunité dont semblent bénéficier les auteurs de ces crimes.
La récurrence de ces attaques pose de sérieuses questions sur l’efficacité des mesures de sécurisation dans la région. Maluku, pourtant située non loin du centre de Kinshasa, apparaît comme une zone où la loi de l’État peine à s’imposer face à la loi des armes. Les violences communautaires en RDC trouvent souvent un terrain fertile dans les litiges non résolus et l’absence d’autorité. La rapidité avec laquelle les miliciens se regroupent et frappent à nouveau interroge sur leurs réseaux et leurs moyens. Où sont-ils basés ? Qui les finance ? La réponse à ces questions est cruciale pour mettre un terme à ce cycle infernal.
Les autorités locales, par la voix du bourgmestre, restent prudentes quant au bilan définitif des affrontements de ce mardi. La durée des combats et la difficulté d’accès à certaines zones laissent craindre que le nombre de victimes ne soit en réalité plus élevé. « Chez moi ici, on n’a amené que deux morts, mais jusqu’à midi, il y avait toujours des combats », a précisé Alexis Mampa Mundoni. Cette déclaration laisse présager un bilan qui pourrait être revu à la hausse dans les prochaines heures, au gré des découvertes sur le terrain.
La population, bien qu’ayant tenu bon cette fois-ci, vit dans une peur constante. La victoire défensive d’un jour n’offre aucune garantie pour le lendemain. L’absence de déplacement massif des habitants, souvent interprétée comme un signe de résilience, peut aussi traduire un sentiment d’impuissance ou le manque d’options de repli sûres. L’insécurité à Kinshasa et dans sa périphérie immédiate n’est pas un phénomène nouveau, mais son intensification et sa brutalité dans des zones comme Maluku doivent sonner comme un avertissement extrême.
La communauté nationale et internationale ne peut rester indifférente face à cette montée des violences. Les affrontements à Maluku et le bilan des morts doivent conduire à une action décisive. Il est impératif que les forces de sécurité de l’État déploient des moyens à la hauteur de la menace pour protéger les civils, désarmer les groupes illégaux et traduire leurs responsables en justice. Sans une réponse ferme et coordonnée, les miliciens Mobondo et d’autres groupes similaires continueront à semer la mort et la désolation, perpétuant un cycle de violence qui mine la stabilité de toute la région. La paix à Maluku est indispensable à la paix dans toute la capitale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
