De violents affrontements ont éclaté dans le territoire de Djugu, en province de l’Ituri, plongeant plusieurs communautés dans la terreur. Du jeudi 4 au samedi 6 décembre 2025, les localités de Bule, Mbaa et Kaa ont été le théâtre d’attaques armées répétées opposant les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux combattants du groupe CRP. Ces incidents marquent une nouvelle escalade de la violence dans une région déjà meurtrie par des années de conflit. Comment une telle flambée de violence a-t-elle pu se produire, et quelles sont les conséquences pour les populations civiles prises au piège ?
Les premières frappes ont été signalées dans la matinée du 4 décembre, prenant pour cible les villages de Bule et Mbaa. Des sources sécuritaires locales indiquent que les éléments du CRP ont lancé des assauts coordonnés contre des positions des forces gouvernementales. En réponse, les FARDC ont engagé une contre-offensive vigoureuse, donnant lieu à des échanges de tirs nourris qui se sont propagés à la localité voisine de Kaa. Les habitants, surpris par l’intensité des combats, ont été contraints de fuir leurs foyers pour chercher refuge dans la brousse ou dans des centres déjà surpeuplés.
Le bilan de ces trois jours d’affrontements entre les FARDC et le CRP reste lourd. Plusieurs éléments des deux camps ont été neutralisés au cours des accrochages, selon des informations concordantes. La violence a semé la désolation, endommageant des habitations et des infrastructures vitales. Les mouvements de population, déjà un phénomène chronique dans la région, ont connu une nouvelle accélération, aggravant une crise humanitaire aux proportions alarmantes. La situation sécuritaire à Djugu est-elle sur le point de basculer dans un chaos incontrôlable ?
Face à cette recrudescence de la violence, la société civile a élevé la voix. Benjamin Ngabu, Coordonnateur de l’ONGDH COARDDHO pour l’antenne de Djugu, a fermement condamné ces attaques armées en Ituri. Dans une déclaration sans équivoque, il a appelé les FARDC ainsi que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à multiplier les efforts pour neutraliser les groupes armés et restaurer une paix durable dans le territoire de Djugu. Cet appel urgent souligne le sentiment d’abandon ressenti par de nombreuses communautés face à l’instabilité persistante.
L’organisation ONGDH COARDDHO ne s’est pas arrêtée à une simple condamnation. Elle a lancé un vibrant appel à la population, l’encourageant à soutenir activement les forces de défense et de sécurité. Elle a également exhorté les citoyens à dénoncer les caches utilisées par les rebelles et à rejeter toute forme de violence armée. Ce message vise à renforcer la cohésion entre les civils et les institutions étatiques dans la lutte contre l’insécurité. La collaboration entre la population et l’armée est-elle la clé pour venir à bout de la menace que représente le CRP et d’autres milices ?
Le contexte de ces affrontements à Djugu ne peut être dissocié de la dynamique plus large des conflits en Ituri. La province, riche en ressources mais minée par des tensions ethniques et des rivalités foncières historiques, sert de terrain à de multiples groupes armés. Le CRP, comme d’autres factions, tire profit de ce climat d’instabilité pour étendre son influence. Les récentes attaques armées démontrent la capacité de ces groupes à défier l’autorité de l’État, même dans des zones où les forces loyalistes sont présentes.
La réponse des FARDC, bien que déterminée, se heurte à des défis logistiques et opérationnels considérables. La neutralisation de certains éléments du CRP lors des derniers combats est un succès tactique, mais elle ne suffit pas à garantir la sécurité à long terme. Les experts en sécurité insistent sur la nécessité d’une stratégie intégrée, combinant opérations militaires ciblées, désarmement des combattants et programmes de réinsertion. Sans une telle approche, le cycle de la violence risque de se perpétuer, anéantissant les espoirs de paix en Ituri.
Les événements des 4, 5 et 6 décembre à Bule, Mbaa et Kaa sonnent comme un rappel brutal de la fragilité de la situation dans l’est de la RDC. Alors que le gouvernement central tente de consolider son autorité, les poches de résistance armée continuent de menacer la stabilité. La condamnation de l’ONGDH COARDDHO et ses appels à l’action résonnent avec force, mettant en lumière le rôle crucial de la société civile dans la recherche de solutions. La route vers la pacification complète de Djugu et de l’Ituri reste semée d’embûches, mais l’engagement de tous les acteurs, des forces de sécurité aux organisations locales, est indispensable pour tourner la page de la violence et écrire un nouveau chapitre de paix.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
