La forêt congolaise, ce poumon vert vital pour l’équilibre climatique de la planète, étouffe sous les coups de boutoir d’une exploitation souvent sans vergogne. Alors que la déforestation grignote chaque année des milliers d’hectares de ce sanctuaire de biodiversité, un sursaut devient impératif. C’est dans ce contexte d’urgence écologique que la République Démocratique du Congo célèbre, ce 5 décembre 2025, la Journée nationale de l’arbre. Placée sous le thème évocateur « Un arbre, une vie. Restaurer nos forêts pour un avenir durable », cette journée n’est pas qu’un simple rituel calendaire. Elle sonne comme un cri d’alarme et un appel à l’action collective face à un désastre silencieux.
Le secrétaire général au ministère de l’environnement, du développement durable et de la nouvelle économie du climat, Benjamin Toïrambe, a lancé un plaidoyer percutant. Pour lui, cultiver la pratique de la plantation d’arbres est une condition sine qua non au maintien de l’équilibre de la vie sur Terre. « Cette journée est symbolique et nous appelle à la responsabilité de préserver et de restaurer nos écosystèmes », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité de reboiser les espaces dénudés, de pratiquer l’agroforesterie et de restaurer les paysages. Son message est clair : planter un arbre durant tout le mois de décembre doit être considéré comme un devoir civique et moral. La question se pose : la RDC, gardienne du deuxième massif forestier tropical mondial, saura-t-elle inverser la tendance et devenir un modèle de restauration ?
Cette urgence est partagée au plus haut niveau. Dominique Mbuyamba Tshimanga, directeur général du Fonds forestier national (FFN), a rappelé que l’instauration de cette journée s’inscrit dans une politique nationale de reboisement ambitieuse. Objectif ? Restaurer les paysages dégradés, protéger les communautés locales et garantir l’équilibre écologique à l’échelle mondiale. Mais le tableau n’est pas sans ombres. Le patron du FFN a pointé du doigt un paradoxe criant : la coopération internationale et les investissements étrangers, notamment dans les secteurs forestier et minier, doivent absolument s’aligner sur les lois congolaises. « Nous ne pouvons plus accepter que des exploitants coupent sans reboiser, exploitent sans compenser et réalisent des bénéfices sans contribuer à la restauration des zones impactées », a-t-il tonné. Son discours marque un tournant, exigeant une redevabilité écologique stricte de la part des acteurs économiques.
Le reboisement n’est pas une option, c’est une obligation légale et vitale. Conformément à ses missions, le Fonds forestier national promeut un reboisement obligatoire dans chaque province. « Reboiser, c’est un acte symbolique, de survie, un héritage pour les enfants, une obligation morale envers la planète », a précisé Dominique Mbuyamba Tshimanga. Cet appel résonne comme une mise en garde : chaque arbre abattu sans compensation est une dette contractée envers les générations futures. Dans un pays où les écosystèmes sont sous pression extrême, l’engagement national doit être sans faille. Le ministre environnement RDC et ses services entendent bien transformer cette prise de conscience en actions concrètes sur tout le territoire.
Pour comprendre la portée de cette mobilisation, il faut remonter le temps. Cécile Pembele, directrice cheffe de service de la Direction du reboisement et de l’horticulture, a rappelé l’historique de cette journée instaurée par décret en 1974. L’idée fondatrice ? Sensibiliser la population à la protection de l’environnement par la plantation et la préservation des arbres. Le choix du 5 décembre est stratégique : il coïncide avec le début de la saison des pluies dans plusieurs régions, période idéale pour la plantation d’arbres. « L’objectif poursuivi est de promouvoir une culture nationale du reboisement, de renforcer la lutte contre la déforestation, de restaurer des écosystèmes dégradés et de sensibiliser toutes les couches sociales », a-t-elle expliqué. Une ambition colossale qui nécessite l’implication de tous, des décideurs aux citoyens ordinaires.
Durant tout le mois de décembre, le ministère de l’environnement prévoit une série d’activités de sensibilisation à travers plusieurs provinces. Ces initiatives visent à ancrer dans les esprits l’importance cruciale du reboisement au Congo. Car chaque jeune pousse plantée est une victoire contre l’érosion, un rempart contre le changement climatique et une source de vie pour les communautés. La plantation d’arbres le 5 décembre et tout au long du mois doit devenir un réflexe national, un rituel de résilience face à l’adversité écologique.
Alors que le monde observe avec inquiétude la santé des forêts tropicales, la RDC a aujourd’hui l’occasion de montrer la voie. L’appel lancé par ses autorités est sans équivoque : il est temps de passer des paroles aux actes. Planter un arbre, c’est bien plus qu’un geste symbolique ; c’est un acte de foi en l’avenir, un investissement dans la stabilité climatique et un legs précieux pour les enfants du Congo. La survie de nos forêts, et par extension de notre humanité, se joue peut-être dans ces simples gestes de plantation. Ne pas y répondre serait une trahison de notre propre avenir.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
