Un nouveau drame sanglant a secoué le territoire de Faradje dans la province du Haut-Uele. Les tensions latentes entre communautés agricoles et éleveurs nomades Mbororo ont une nouvelle fois dégénéré en violence mortelle. Ce mardi 2 décembre, un jeune homme a été froidement abattu dans le village de Tavudri, une localité du groupement Makasnago, dans la chefferie de Logo-Doka. Cet incident grave ravive les craintes d’une spirale de vengeance et d’insécurité dans toute la région.
Selon les informations recueillies auprès de sources locales, les faits remontent à la journée de mardi. Deux frères, résidents de la zone, auraient abattu une vache appartenant à des éleveurs Mbororo. Cet acte, perçu comme une provocation, a immédiatement enflammé les esprits au sein de la communauté pastorale. Comment une simple altercation autour d’un bétail a-t-elle pu mener à un tel dénouement ? La réponse semble résider dans le piège tendu par la suite.
Lorsque les deux jeunes hommes sont retournés sur les lieux, probablement pour récupérer la viande de l’animal, ils sont tombés dans une embuscade. Des éleveurs Mbororo, visiblement déterminés à se venger, les attendaient. Les coups de feu ont claqué dans l’air tranquille du village. Le jeune homme a été touché à bout portant. Il a succombé à ses blessures sur place, sans aucune possibilité de secours. Son frère, témoin impuissant de la scène, a miraculeusement réussi à prendre la fuite et a échappé au même sort funeste.
Après leur forfait, les éleveurs présumés responsables se sont immédiatement enfuis, disparaissant dans la nature et laissant derrière eux une communauté en état de choc. Le village de Tavudri est aujourd’hui plongé dans la consternation et le deuil. Une famille est brisée, pleurant un fils perdu dans une violence qui paraît absurde. La population locale, déjà vulnérable, est désormais rongée par l’inquiétude et la perplexité. Jusqu’où peut monter la tension dans ce conflit récurrent entre éleveurs et agriculteurs ?
Ce meurtre dans le Haut-Uele n’est malheureusement pas un cas isolé. Il s’inscrit dans un contexte plus large d’hostilité grandissante contre la présence des éleveurs Mbororo, souvent perçus comme armés et imposant leur mode de vie nomade au détriment des cultures sédentaires. Le territoire de Faradje est régulièrement le théâtre de conflits liés à la transhumance, à la destruction des champs par le bétail et à des rivalités pour l’accès aux ressources. L’incident de Tavudri risque fort d’attiser ces braises encore chaudes, créant un terreau fertile pour de nouvelles représailles et une escalade incontrôlable de la violence.
L’insécurité à Faradje, alimentée par ce type d’événements, constitue un défi majeur pour les autorités locales et provinciales. Les questions se multiplient : Où sont les forces de l’ordre pour désamorcer ces conflits ? Existe-t-il des mécanismes de médiation communautaire pour régler pacifiquement les litiges ? La justice peut-elle retrouver les auteurs de ce meurtre et les traduire devant les tribunaux pour briser le cycle de l’impunité ? L’absence de réponse claire à ces interrogations nourrit le sentiment d’abandon des populations.
Les éleveurs Mbororo, quant à eux, sont souvent pointés du doigt comme les principaux fauteurs de trouble. Leur armement, leur mobilité et leurs différences culturelles en font des boucs émissaires faciles dans une région en proie à de multiples défis. Cependant, une solution durable ne pourra émerger que d’un dialogue inclusif, reconnaissant les droits et les besoins des deux parties. La cohabitation pacifique entre l’élevage et l’agriculture est-elle encore possible dans le Haut-Uele ?
Pour l’instant, la réalité est sombre. Un jeune homme est mort. Son frère est traumatisé. Un village entier vit dans la peur. Et la menace d’une vengeance en cascade plane sur le territoire. Les autorités traditionnelles et administratives sont appelées à agir avec célérité pour calmer les esprits, ouvrir une enquête sérieuse et engager un processus de réconciliation. La stabilité de toute la région du Haut-Uele pourrait en dépendre. L’incident de Tavudri doit servir de sonnette d’alarme avant que d’autres vies ne soient sacrifiées sur l’autel d’un conflit intercommunautaire mal géré.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
