Luanda, capitale angolaise, accueille les 24 et 25 novembre 2025 le septième sommet UE-UA, un événement diplomatique majeur co-présidé par João Manuel Gonçalves Lourenço, président angolais et président en exercice de l’Union africaine, et António Costa, président du Conseil européen. Ce rendez-vous stratégique, placé sous le thème « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif », intervient dans un contexte international particulièrement troublé.
La cérémonie d’ouverture a donné le ton des discussions avec un discours franc du président Lourenço dressant un tableau sans concession des défis sécuritaires contemporains. L’Europe, selon lui, reste confrontée aux conséquences de la guerre en Ukraine, conflit qui dure depuis près de quatre ans avec son cortège de victimes, de déplacés et de destructions infrastructurelles. Mais l’Afrique n’est pas en reste, faisant face à une succession de changements de pouvoir anticonstitutionnels, à la menace terroriste au Sahel, en Somalie et au Mozambique, sans oublier les conflits au Soudan et dans l’est de la République démocratique du Congo.
Le président de l’UA n’a pas manqué de souligner la gravité particulière de la situation dans l’est de la RDC, où persiste un conflit armé aux implications régionales complexes. La possibilité d’une sécession dans cette région riche en ressources naturelles représente-t-elle une menace existentielle pour la stabilité du continent ? Cette question cruciale plane incontestablement sur les travaux du sommet de Luanda 2025.
Le multilatéralisme en crise constitue le fil rouge des discussions. Lourenço a déploré le non-respect croissant des principes de la Charte des Nations Unies, pointant du doigt certaines puissances membres permanentes du Conseil de sécurité qui « ignorent et sapent l’organe même dont ils sont membres ». Cette remise en cause du système international établi depuis 1945 menace-t-elle l’architecture mondiale de paix et de sécurité ? Les participants au sommet semblent unanimes sur l’urgence de rétablir des mécanismes de coopération multilatérale efficaces.
Les travaux s’organisent autour de deux sessions thématiques principales. La première se concentre sur la coopération en matière de paix, sécurité, gouvernance et multilatéralisme, tandis que la seconde aborde les questions de citoyenneté, migrations et mobilité. La délégation européenne, conduite par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et son homologue africain Mahmoud Ali Youssouf, président de la Commission de l’UA, participent activement à ces échanges.
Au-delà des enjeux sécuritaires, ce sommet UE-UA revêt une importance symbolique particulière puisqu’il marque le 25e anniversaire du partenariat entre les deux unions et coïncide avec le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Angola et de plusieurs autres nations africaines. Cette concomitance historique offre-t-elle l’opportunité de repenser les relations afro-européennes sur des bases plus équitables ?
Le contexte démographique et économique ajoute une dimension cruciale aux discussions. Avec plus de 1,4 milliard d’habitants, l’Afrique représente un marché en pleine expansion, tandis que l’Europe cherche à diversifier ses partenariats stratégiques. Les discussions portent ainsi sur le renforcement de l’intégration économique africaine et l’augmentation des échanges intercontinentaux, s’inscrivant dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’UA et des Objectifs de développement durable des Nations Unies.
Ce sommet de Luanda s’inscrit dans la continuité du précédent rendez-vous de Bruxelles en février 2022, où les dirigeants avaient adopté une vision commune pour un partenariat renouvelé. Il intervient également quelques semaines après la deuxième édition du Global Gateway Forum, tenu en octobre 2025 à Bruxelles, renforçant ainsi la dynamique de dialogue entre les deux continents.
La question centrale demeure : l’Afrique et l’Europe parviendront-elles à transformer cette occasion diplomatique en actions concrètes pour faire face aux multiples crises qui secouent la planète ? La réponse se construira dans les salles de conférence de Luanda, où se joue peut-être l’avenir des relations internationales.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
