L’UNICEF annonce la fermeture imminente de son bureau à Beni, dans la province du Nord-Kivu, une décision directement liée à la crise financière que traverse l’organisation onusienne. Cette restructuration interne, présentée comme nécessaire face aux contraintes budgétaires, suscite des interrogations sur la continuité des activités humanitaires dans cette région instable de l’est de la République Démocratique du Congo.
Foura Sassu Madi, chef de bureau de l’UNICEF pour le Nord-Kivu et le Maniema, a officiellement confirmé cette mesure à l’issue d’une rencontre avec le vice-gouverneur de la province. « Nous fermons l’antenne parce que, ces derniers temps, il y a eu des problèmes de financement qui nous ont contraints à réduire même le personnel », a-t-il déclaré, révélant l’ampleur des difficultés financières.
La crise de liquidités affectant l’ensemble du système des Nations Unies a des conséquences tangibles sur le terrain : environ 130 employés de l’UNICEF en RDC ont vu leurs contrats interrompus en raison du manque de financement. Cette réduction drastique des effectifs précède la fermeture physique du bureau de Beni, soulevant des questions sur la capacité de l’organisation à maintenir ses interventions humanitaires dans cette zone critique.
Quelles conséquences cette restructuration UNICEF dans le Nord-Kivu aura-t-elle sur les populations vulnérables ? La réponse officielle se veut rassurante. Selon Foura Sassu Madi, « quand on parle de fermeture, ce n’est pas une fermeture totale, mais une restructuration interne de notre plan opérationnel ». Le bureau de Goma assumera désormais la coordination de toutes les activités humanitaires dans l’ensemble de la province, une réorganisation présentée comme nécessaire pour optimiser des ressources devenues limitées.
Le contexte sécuritaire du Nord-Kivu, particulièrement dans la région de Beni, rend cette annonce particulièrement sensible. Cette zone connaît une instabilité persistante avec la présence de groupes armés et des besoins humanitaires croissants. La fermeture du bureau UNICEF Beni intervient à un moment où la population locale dépend fortement de l’assistance internationale pour l’accès aux soins de santé, à l’eau potable et à l’éducation.
L’UNICEF insiste sur sa volonté de maintenir ses engagements. « L’UNICEF conserve une capacité opérationnelle et logistique suffisante pour atteindre toutes les zones du Nord-Kivu et poursuivre ses actions », affirme le chef de bureau. Cette déclaration vise à apaiser les craintes d’un désengagement progressif de l’organisation dans une province où les besoins humanitaires restent immenses.
La crise financière de l’ONU qui motive cette décision dépasse le cadre de la RDC. Elle reflète les difficultés de financement auxquelles font face de nombreuses agences onusiennes, contraintes de repenser leurs modes d’intervention dans un contexte de raréfaction des ressources. La restructuration UNICEF en RDC s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large d’adaptation aux réalités budgétaires.
Comment cette fermeture du bureau UNICEF Beni affectera-t-elle la coordination sur le terrain ? Les acteurs locaux s’interrogent sur l’efficacité d’une gestion centralisée depuis Goma, distante de plusieurs centaines de kilomètres de certaines zones d’intervention. La proximité avec les communautés bénéficiaires, élément clé du succès des programmes humanitaires, pourrait en pâtir.
La situation soulève également des questions plus fondamentales sur la pérennité du financement des actions humanitaires en RDC. Alors que le pays continue de faire face à de multiples crises, la décision de l’UNICEF pourrait annoncer d’autres restrictions similaires de la part d’organisations internationales confrontées aux mêmes défis financiers.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer l’impact réel de cette restructuration sur les activités humanitaires dans le Nord-Kivu. La capacité du bureau de Goma à maintenir la qualité et l’étendue des services précédemment offerts depuis Beni constituera le véritable test de cette réorganisation imposée par les circonstances financières.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
