Des centaines de femmes ont envahi les rues de Bunia ce mardi, leurs voix portant plus loin que les banderoles qu’elles brandissaient avec une détermination farouche. « Stop aux violences » et « Non à la banalisation et à l’impunité des violences numériques faites aux femmes et aux filles » : ces messages résonnent comme un cri du cœur dans une province meurtrie par des années de conflits. Leur marche marquait le lancement des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, mais cette édition revêt une dimension particulière face à la montée en puissance des violences numériques femmes RDC.
« Nous en avons assez de voir nos images intimes circuler sur WhatsApp et Facebook sans notre consentement », témoigne une jeune participante qui préfère garder l’anonymat par crainte de représailles. Comme elle, nombreuses sont celles qui ont vécu l’humiliation de voir leur dignité bafouée sur la place publique que sont devenus les réseaux sociaux. La campagne 16 jours Ituri prend ainsi une tournure inédite, transformant l’outil numérique, souvent vecteur de violence, en instrument de paix.
Jeanne Alasha, conseillère du gouverneur en charge du genre, porte cette vision avec une conviction remarquable. « Avec les réseaux sociaux, n’accentuons pas la haine. Les réseaux sociaux ne doivent pas nous diviser », affirme-t-elle devant une assemblée attentive. Son plaidoyer pour faire des plateformes numériques des instruments de paix plutôt que des armes de destruction rencontre un écho particulier en Ituri, où les divisions communautaires ont longtemps alimenté les violences.
Mais comment transformer ces bonnes intentions en actions concrètes ? Les organisations féminines présentes lors de cette mobilisation ont des réponses précises. Blandine Zawadi, de l’Association des mamans pour le développement et la paix, ne mâche pas ses mots : « La diffusion non consentie de photos intimes constitue une violation flagrante des droits humains. » Son association et d’autres réclament l’application stricte de la nouvelle loi sur le numérique en RDC, capable de poursuivre les auteurs de ces violences femmes Congo qui se croient souvent intouchables derrière leurs écrans.
La particularité de cette initiative réside dans son approche proactive. Plutôt que de simplement dénoncer les violences, ces femmes proposent une alternative constructive. Elles s’engagent à utiliser les mêmes réseaux sociaux pour promouvoir des messages de cohésion sociale, de dialogue intercommunautaire et de dignité humaine. Une manière de reprendre le contrôle sur des espaces numériques trop souvent hostiles.
Dans une région où les conflits armés ont laissé des traces profondes, cette mobilisation pour les réseaux sociaux paix Bunia représente un espoir tangible. Les femmes, souvent premières victimes des violences, deviennent ainsi actrices de changement, transformant leur vulnérabilité en force collective. Leur combat dépasse la simple dénonciation pour embrasser une vision plus large de reconstruction sociale.
Le chemin reste cependant semé d’embûches. Les mentalités peinent à évoluer face à la banalisation des violences numériques, et l’application des lois rencontre encore des résistances. Pourtant, la détermination affichée lors de cette marche laisse entrevoir une lueur d’espoir. Ces femmes ne se contentent pas de protester – elles construisent, elles éduquent, elles transforment.
Alors que le numérique s’impose toujours davantage dans la vie quotidienne des Congolais, cette initiative pionnière en Ituri pourrait bien inspirer d’autres régions confrontées aux mêmes défis. La bataille pour des espaces numériques respectueux de la dignité humaine ne fait que commencer, mais ces femmes ont montré qu’elles entendaient bien la gagner, un message de paix à la fois.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
