Des centaines de femmes déterminées arpentent les artères de Kananga, leurs voix unies dans un même cri de révolte. « Assez de violences contre nos filles ! », « Stop aux VBG maintenant ! », scandent-elles en brandissant des banderoles aux messages poignants. Cette marche pacifique, organisée ce mardi 25 novembre, marque le coup d’envoi des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre au Kasaï-Central.
Partant du rond-point Notre-Dame, le cortège impressionnant a traversé la ville sous le regard tantôt curieux, tantôt approbateur des populations. Comment rester insensible face à cette mobilisation féminine qui interpelle toute la société congolaise ? Les pancartes portaient des messages qui en disaient long sur l’urgence de la situation : « Mon corps n’est pas un champ de bataille », « Éduquons nos fils au respect des femmes », « Silence = complicité ».
Arrivées au gouvernorat, les manifestantes ont remis un mémorandum alarmant au gouverneur Joseph Moïse Kambulu. Les chiffres présentés donnent froid dans le dos : 20 791 cas de violences basées sur le genre recensés en 2021, 7 099 en 2022, 5 139 en 2023, 4 841 en 2024, et déjà 3 130 cas au deuxième trimestre de 2025. Ces statistiques révèlent une réalité troublante : malgré une baisse apparente des chiffres, les violences basées sur le genre continuent de détruire des vies dans l’ombre.
« Ces chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg », confie une militante des droits des femmes, le visage marqué par l’émotion. « Combien de victimes souffrent en silence ? Combien de femmes n’osent pas porter plainte par peur des représailles ou par manque de confiance dans le système judiciaire ? »
Face à cette situation critique, les femmes de Kananga ont exigé des actions concrètes du gouvernement provincial. Leur mémorandum souligne l’impérieuse nécessité de renforcer les mécanismes de protection des victimes, d’améliorer l’accès à la justice et de mettre en place des programmes de sensibilisation massive auprès des communautés.
Le gouverneur Kambulu, visiblement touché par cette mobilisation, a salué l’initiative et promis l’engagement de son gouvernement. « Soyez rassurées du soutien du gouvernement provincial. Ce que vous commencez aujourd’hui est un processus important qui se poursuivra pendant ces 16 jours », a-t-il déclaré, reconnaissant l’importance cruciale de cette lutte contre les violences basées sur le genre.
La journée s’est poursuivie à la Maison du Barreau du Kasaï-Central où la ministre provinciale du Genre a procédé au lancement officiel des 16 jours d’activisme. Cet événement marque le début d’une série d’actions de sensibilisation et de plaidoyer qui se dérouleront jusqu’au 10 décembre prochain.
Mais au-delà des discours et des cérémonies, quelle sera la suite concrète ? Les femmes attendent des actes forts, des politiques publiques efficaces et une réelle volonté politique pour éradiquer ce fléau des violences basées sur le genre. Le chemin reste long, mais la détermination affichée par les femmes de Kananga lors de cette marche historique montre que la lutte continue.
Cette mobilisation des femmes à Kananga s’inscrit dans un mouvement plus large de prise de conscience collective face aux violences basées sur le genre. Elle témoigne de la résilience et du courage des femmes congolaises qui, malgré les obstacles, continuent de se battre pour leurs droits fondamentaux. Les 16 jours d’activisme qui s’ouvrent représentent une opportunité unique pour amplifier cette voix et construire une société plus juste et équitable au Kasaï-Central et dans toute la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
