Dans l’ombre des conflits qui déchirent l’Est de la République Démocratique du Congo, une autre guerre silencieuse continue de faire des ravages. « Ils m’ont violentée devant mes enfants. Depuis ce jour, je ne suis plus la même femme », témoigne Anifa, survivante de violences sexuelles au Nord-Kivu. Son histoire, malheureusement, n’est pas unique. Elle reflète le calvaire que vivent des milliers de Congolaises dans l’indifférence quasi générale.
Les chiffres donnent le vertige. Médecins Sans Frontières a pris en charge 25 166 survivants de violences sexuelles à travers le territoire national en 2023. Cela représente plus de deux victimes chaque heure, jour et nuit. La province du Nord-Kivu concentre à elle seule une part effrayante de ces violences femmes RDC, avec 17 363 cas traités par MSF entre janvier et mai 2024 seulement. Comment en sommes-nous arrivés à cette normalisation de l’horreur ?
Les statistiques violences femmes Congo révèlent une crise humanitaire qui dépasse l’entendement. Derrière chaque chiffre se cache une vie brisée, une famille traumatisée, un avenir compromis. Les violences sexuelles sont devenues une arme de guerre banale, un fléau qui ronge le tissu social congolais. Pendant ce temps, les autorités semblent impuissantes face à l’ampleur du phénomène.
La campagne des 16 jours d’activisme RDC, qui s’étend du 25 novembre au 10 décembre, prend cette année une résonance particulière dans notre pays. Alors que le monde commémore l’assassinat des sœurs Mirabal, symboles de la résistance féminine, la RDC doit faire face à ses propres démons. Les Nord-Kivu violences sexuelles ne sont-elles pas devenues une urgence nationale oubliée ?
Sur le terrain, les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme. « La situation empire de jour en jour », confie un travailleur de MSF sous couvert d’anonymat. « Les survivantes que nous soignons présentent des traumatismes physiques et psychologiques profonds. Beaucoup n’osent plus retourner dans leurs champs, ce qui aggrave l’insécurité alimentaire. » Les MSF violences sexuelles Congo deviennent ainsi un enjeu de santé publique majeur.
Les causes de cette explosion des violences sont multiples et complexes. L’impunité dont bénéficient les auteurs, la persistance des conflits armés, la pauvreté endémique et les traditions patriarcales créent un terreau fertile pour ces atrocités. Les femmes deviennent les premières victimes d’un système défaillant, prisonnières d’un cycle infernal de violence et de silence.
Pourtant, des lueurs d’espoir persistent. Des associations locales se mobilisent, créent des refuges, offrent un accompagnement juridique et psychologique. « Nous ne pouvons pas abandonner ces femmes », insiste Marie, coordinatrice d’une organisation de défense des droits des femmes à Goma. « Chaque survivante que nous aidons à se reconstruire est une victoire contre la barbarie. »
Mais ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur du phénomène. Les ressources manquent cruellement, et la protection des survivantes reste précaire. Combien de temps encore devrons-nous compter les victimes sans voir de changement significatif ? Quand est-ce que la communauté internationale et les autorités congolaises prendront des mesures concrètes pour en finir avec ces violences ?
La route vers l’élimination des violences faites aux femmes en RDC semble encore longue. Elle nécessite une mobilisation de tous les acteurs – gouvernement, société civile, partenaires internationaux – et une volonté politique ferme. Les beaux discours ne suffisent plus. Il est temps d’agir, car chaque minute perdue signifie une nouvelle vie détruite, un nouvel espoir brisé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
