« Nous payons pour des services qui ne fonctionnent pas, c’est un véritable scandale ! » Cette colère d’un habitant de Kindu résume le calvaire que vivent des milliers d’usagers des services de télécommunication au Maniema. Depuis plusieurs mois, la région traverse une crise des télécoms sans précédent qui paralyse les activités économiques et isole les populations.
Le député provincial Blaise Bitangalo a décidé de porter cette colère populaire dans l’hémicycle. Lundi 24 novembre, il a saisi l’assemblée provinciale du Maniema pour dénoncer officiellement la dégradation inquiétante des services offerts par les opérateurs Vodacom, Airtel et Orange. Dans une motion présentée en plénière, l’élu a dressé un tableau alarmant de la situation : appels impossibles à établir, transferts d’argent bloqués, connexions internet quasi-inexistantes.
« Comment expliquer que dans une province aussi stratégique que le Maniema, les populations doivent se battre quotidiennement pour passer un simple appel téléphonique ? » s’interroge le député Bitangalo. Sa démarche, affirme-t-il, vise à garantir aux citoyens leur droit fondamental d’accéder à des services de télécommunication de qualité, surtout après avoir payé les montants demandés par ces entreprises.
La motion du député demande que l’assemblée provinciale convoque d’urgence les responsables des trois opérateurs pour qu’ils s’expliquent devant la population. « Nous avons déposé cette motion uniquement pour exiger le rétablissement conforme des communications au bénéfice des habitants du Maniema », insiste l’élu, visiblement déterminé à obtenir gain de cause.
La situation dépasse le simple désagrément pour devenir un véritable frein au développement économique. Les transferts d’argent, vitaux pour de nombreuses familles, sont régulièrement perturbés. Les commerçants peinent à effectuer leurs transactions, les étudiants ne peuvent pas accéder aux ressources éducatives en ligne, et les services urgents rencontrent des difficultés pour coordonner leurs interventions.
Le député Bitangalo ne cache pas son amertume face à l’attitude des opérateurs. « Nous avons discuté avec plusieurs autorités, mais l’orgueil des opérateurs dépasse les limites », déplore-t-il. Malgré les multiples plaintes déposées auprès des autorités compétentes, aucune amélioration notable n’a été constatée sur le terrain.
Cette crise des services télécommunication au Maniema a poussé la société civile et des mouvements citoyens comme la Lucha et Filimbi à organiser des manifestations. Mais jusqu’à présent, ces mobilisations sont restées sans résultats concrets. Les promesses des opérateurs se sont envolées, laissant les usagers dans la même détresse.
« Les droits des usagers des télécoms en RDC sont-ils devenus une simple option pour les opérateurs ? » La question mérite d’être posée alors que des milliers de personnes continuent de payer pour des services qu’elles ne reçoivent pas. Le député Bitangalo espère que l’intervention de l’assemblée provinciale, première autorité locale, permettra enfin de briser ce mur d’indifférence.
L’élu insiste pour que le ministre provincial compétent et les dirigeants des sociétés de télécommunications soient formellement invités à présenter un plan concret de rétablissement du réseau. « Il est inadmissible qu’en 2024, une province entière soit coupée du monde numérique », s’indigne un jeune entrepreneur de Kindu qui a vu ses activités compromises par ces dysfonctionnements.
Cette affaire dépasse le simple cadre technique pour poser des questions fondamentales sur la responsabilité sociale des entreprises et la protection des droits des consommateurs en RDC. Jusqu’où les opérateurs de télécommunication peuvent-ils ignorer leurs obligations contractuelles sans en subir les conséquences ? La plainte déposée à l’assemblée provinciale marquera-t-elle un tournant dans la défense des droits des usagers ?
Alors que le Maniema tente de se développer économiquement, la qualité déplorable du réseau des opérateurs télécoms représente un frein majeur. Les habitants attendent désormais que les autorités provinciales fassent preuve de fermeté face à des entreprises qui semblent avoir oublié leur mission de service public. La balle est maintenant dans le camp de l’assemblée provinciale qui devra trancher : protéger les intérêts des populations ou laisser faire cette injustice silencieuse qui mine le développement de toute une région.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
