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Violence numérique en RDC : Le gouvernement et l’UNFPA lancent une campagne contre le harcèlement des femmes en ligne

Dans un contexte où les réseaux sociaux deviennent à la fois un espace de liberté et une zone de non-droit, la République Démocratique du Congo prend conscience d’un fléau silencieux qui mine sa jeunesse : la violence numérique à l’égard des femmes et des filles. Alors que le monde s’apprête à commémorer la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le ministère du Genre, Famille et Enfants, main dans la main avec l’UNFPA, déclare la guerre à ce phénomène inquiétant.

« Utilisez vos téléphones pour unir et non pour diviser », lance Micheline Ombae, la ministre du Genre, dans un message percutant adressé aux jeunes Congolais. Son appel résonne comme un cri d’alarme dans un pays où la digitalisation croissante s’accompagne de dérives préoccupantes. Comment en sommes-nous arrivés à ce que ces outils de connexion deviennent des instruments de destruction morale ?

La campagne, qui se déroulera du 25 novembre au 10 décembre sur l’ensemble du territoire national, vise à sensibiliser la population sur les différentes formes de violence numérique. Harcèlement en ligne, discours de haine, partage non consenti d’images intimes, cyberintimidation – autant de fléaux qui détruisent des vies dans l’indifférence générale. Ikoli Mireille, représentante de l’UNFPA, insiste sur l’urgence d’agir : « Nous travaillons aux côtés des autorités pour que les auteurs soient identifiés et sanctionnés, conformément à la loi. »

Les chiffres donnent le vertige. Selon les données récentes de l’UNFPA, plus de 460 000 cas de violences basées sur le genre, toutes formes confondues, ont été enregistrés en RDC entre 2021 et 2024. Derrière ces statistiques froides se cachent des drames humains, des vies brisées, des rêves anéantis. Quelle société construisons-nous si nous laissons ces violences se perpétuer impunément dans l’espace numérique ?

La violence numérique en RDC représente un défi complexe qui nécessite une réponse multidimensionnelle. D’un côté, il y a l’impératif de renforcement des cadres juridiques pour réprimer efficacement ces actes. De l’autre, il y a le travail essentiel de prévention et d’éducation, particulièrement auprès des jeunes générations qui grandissent avec le numérique comme environnement naturel. Le partenariat entre le ministère du Genre et l’UNFPA s’inscrit dans cette double logique : sensibiliser pour prévenir, légiférer pour punir.

Mais au-delà des actions institutionnelles, c’est toute la société congolaise qui est interpellée. Les parents, les éducateurs, les influenceurs, les médias – chacun a un rôle à jouer dans la construction d’un espace numérique respectueux et sûr pour les femmes et les filles. La campagne de sensibilisation contre la violence numérique vise justement à créer cette prise de conscience collective, à briser le silence qui entoure trop souvent ces violences.

Le timing de cette initiative n’est pas anodin. En lançant cette campagne à la veille de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le gouvernement congolais envoie un signal fort : la lutte contre les violences faites aux femmes ne connaît pas de frontières, qu’elles soient physiques ou virtuelles. Dans un pays où la question du genre reste sensible, cette prise de position courageuse mérite d’être saluée.

Pourtant, des défis immenses persistent. Comment assurer l’efficacité de cette campagne dans un pays aux réalités si diverses ? Comment toucher les populations les plus reculées, celles qui n’ont qu’un accès limité aux technologies mais qui n’en sont pas moins concernées par les dynamiques sociales que le numérique engendre ? La réponse devra nécessairement passer par des stratégies adaptées aux contextes locaux, avec des messages dans les langues nationales et une approche inclusive.

Alors que cette campagne nationale contre la violence numérique se met en place, une question essentielle se pose : suffira-t-elle à inverser la tendance ? La route sera longue, mais chaque pas compte. Chaque jeune sensibilisé, chaque auteur sanctionné, chaque victime soutenue représente une avancée vers un Congo où les femmes pourront s’exprimer librement, en ligne comme hors ligne, sans craindre pour leur sécurité ou leur dignité.

Le combat contre la violence numérique en RDC ne fait que commencer. Il appelle à une mobilisation de tous les acteurs de la société – gouvernement, partenaires internationaux, société civile, et surtout, chaque citoyen congolais. Car au final, c’est de notre responsabilité collective dont il s’agit, de notre capacité à construire un espace numérique qui reflète les valeurs de respect et de dignité qui fondent toute société humaine.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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