Dans un monde numérique où l’information circule à la vitesse de la lumière, comment distinguer le vrai du faux ? La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a pris le taureau par les cornes en organisant un atelier de formation au fact-checking destiné à armer ses cadres contre le fléau de la désinformation.
Pendant deux jours, du 12 au 13 novembre, secrétaires généraux, responsables des commissions épiscopales, personnels administratifs et professionnels des médias se sont immergés dans l’univers complexe de la détection des fake news RDC. Un engagement concret qui témoigne de la prise de conscience des enjeux numériques par l’institution religieuse.
Mgr Donatien Nshole, Secrétaire général de la CENCO, ne cache pas son enthousiasme devant cette initiative. « L’Église, en tant qu’éducatrice et mère, est elle-même victime de manipulations. Elle doit donc s’armer pour mieux défendre la vérité et former ses fidèles à l’esprit critique », affirme-t-il. Une déclaration qui souligne l’urgence d’une formation médias CENCO adaptée aux défis contemporains.
Mais concrètement, que recouvre cette formation fact-checking CENCO ? Les participants ont été initiés aux techniques de vérification de l’information, à l’analyse des sources et surtout à la reconnaissance des deepfakes Congo, ces montages audiovisuels hyper-réalistes qui trompent même les yeux les plus avertis.
Le Père Jean-Bedel Ndandula, Oblat de Marie Immaculée et facilitateur de la session, insiste sur la nécessité pour l’Église de suivre l’évolution du monde : « Dans le domaine de l’information comme ailleurs, nous devons intégrer des formations de mise à niveau permanentes. La crédibilité de notre message en dépend. »
La question se pose : pourquoi l’Église catholique s’engage-t-elle ainsi dans la lutte désinformation Église ? La réponse tient en plusieurs aspects. D’abord, l’institution religieuse est régulièrement la cible de campagnes de désinformation. Ensuite, son réseau étendu à travers le pays en fait un relais idéal pour éduquer les populations aux bonnes pratiques numériques.
L’initiative, portée par la Commission épiscopale des communications sociales (CECOS) et mise en œuvre par le Secrétariat général de la CENCO, ne s’arrêtera pas là. Les responsables envisagent déjà d’élargir cette formation aux diocèses, aux paroisses, aux mouvements d’action catholique, ainsi qu’aux maisons de formation à la vie religieuse et sacerdotale.
Cette démarche proactive interroge : les autres institutions congolaises sont-elles suffisamment préparées face à la désinformation ? Alors que les fausses informations peuvent avoir des conséquences désastreuses sur la cohésion sociale, l’exemple de la CENCO pourrait inspirer d’autres acteurs de la société civile.
L’atelier deepfakes Congo organisé par la CENCO représente ainsi bien plus qu’une simple session de formation. Il s’agit d’un signal fort envoyé à toute la société congolaise : dans l’ère numérique, la recherche de la vérité reste une valeur fondamentale, et chacun doit développer son esprit critique face au flux continu d’informations.
À l’heure où les technologies de manipulation de l’image et du son deviennent accessibles au plus grand nombre, comment garantir l’authenticité de l’information ? La CENCO, par cette action concrète, montre la voie d’une éducation aux médias indispensable pour préserver le débat démocratique et la paix sociale.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
