Le grondement assourdissant du vent a précédé le chaos. « En quelques minutes, tout s’est effondré autour de nous », témoigne Kahindo Mwamini, mère de quatre enfants, les yeux encore remplis d’effroi. Comme des centaines d’autres familles du groupement de Bangoma, elle a tout perdu lors des inondations Sud-Kivu qui ont frappé le territoire de Shabunda.
La violence de la tempête a laissé derrière elle un paysage de désolation. Environ 1500 habitations ont été réduites à l’état de débris, transformant des quartiers entiers en champs de ruines. Parmi ces constructions détruites, près de 800 maisons en briques cuites et non cuites ont été balayées comme des fétus de paille, tandis qu’environ 600 maisons en sticks d’arbres n’ont pas résisté à la fureur des éléments.
Comment des communautés entières peuvent-elles ainsi se retrouver sans abri du jour au lendemain ? La question hante les survivants de cette catastrophe naturelle RDC qui ont dû passer leur première nuit sous les intempéries, sans protection contre les pluies persistantes.
Les infrastructures publiques n’ont pas été épargnées par la fureur de la Shabunda tempête. Les écoles primaires Kisubi et Mankulu, lieux d’apprentissage et d’espoir pour la jeunesse locale, ont vu leurs toitures s’envoler. Le bureau du cachot de la Police nationale congolaise (PNC) a subi le même sort, posant des questions cruciales sur la sécurité dans la région.
Derrière les chiffres qui donnent le vertige se cachent des drames humains bouleversants. Un enfant de dix ans, dont le nom n’a pas été divulgué, a été grièvement blessé à la jambe par un arbre déraciné. Admis au centre de santé de Mankulu, son cas symbolise la vulnérabilité des plus jeunes face à ces catastrophes climatiques.
Face à l’ampleur des dégâts, la coordination territoriale de la Nouvelle société civile du Congo (NSCC) a lancé un cri d’alarme. « Nous faisons face à une situation humanitaire critique », affirme un représentant local sous couvert d’anonymat. « Les maisons détruites Congo ne sont que la partie visible de l’iceberg. C’est toute une communauté qui se retrouve sans ressources, sans abri, sans moyen de subsistance. »
L’appel à l’aide humanitaire Sud-Kivu résonne dans toute la région. Les organisations de la société civile de Shabunda implorent le gouvernement congolais et les ONG internationales d’intervenir rapidement. Mais dans l’immédiat, ce sont les solidarités locales qui s’organisent tant bien que mal.
Cette catastrophe interpelle sur la capacité des territoires congolais à faire face aux phénomènes climatiques extrêmes. Alors que la saison des pluies bat son plein, combien d’autres communautés vivent dans la crainte de subir le même sort ? La prévention des risques et la construction d’infrastructures résilientes deviennent des enjeux de survie pour des populations déjà éprouvées par des décennies de conflits et de précarité.
Au-delà de l’urgence humanitaire, c’est toute la question du développement territorial qui se pose. Comment construire un avenir durable lorsque les bases mêmes de l’habitat peuvent être anéanties en quelques heures ? La réponse à cette question déterminera la capacité de la RDC à protéger ses citoyens contre les colères de la nature.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
