L’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo a franchi une étape cruciale dans le processus budgétaire en déclarant recevable le projet de loi de finances pour l’exercice 2026. Cette décision, intervenue après plus de six heures de débats approfondis, ouvre la voie à l’examen détaillé d’un budget ambitieux s’élevant à 59 021 milliards de francs congolais, soit une augmentation significative de 16% par rapport au budget rectificatif 2025.
Au cœur des préoccupations parlementaires : la volatilité du taux de change entre le franc congolais et le dollar américain. Comment cette appréciation de 34,2% sur le marché officiel depuis septembre 2025 affectera-t-elle la mobilisation des recettes publiques ? La question hante les esprits des élus nationaux, certains craignant que cette dynamique positive ne soit qu’éphémère, avec des conséquences potentiellement dévastatrices sur l’économie nationale.
La Première ministre, dans son exposé du mardi 18 novembre, a apporté des éléments de réponse chiffrés : « Le franc congolais est passé de 2 900 FC pour un dollar américain à 2 100 FC, pour se stabiliser autour de 2 450 FC ». Cette performance remarquable résulterait de la conjugaison des efforts budgétaires et monétaires, selon l’exécutif.
Le gouvernement congolais a multiplié les interventions structurelles pour consolider cette tendance : missions de contrôle des prix, obligation d’affichage, baisse successive du prix du carburant à la pompe, et maîtrise des volumes des produits pétroliers. La Banque centrale du Congo, de son côté, renforce le suivi de la liquidité bancaire pour limiter les comportements spéculatifs sur le marché des changes.
Mais cette appréciation du franc congolais représente-t-elle une véritable opportunité ou un risque pour les finances publiques ? La cheffe du gouvernement reconnaît elle-même que cette évolution « a des répercussions sur le niveau des prévisions budgétaires élaborées sur la base des réalisations à fin juin ». Le défi consiste donc à capitaliser sur cette dynamique positive tout en anticipant les ajustements nécessaires.
Le budget 2026, présenté en équilibre par le vice-Premier ministre chargé du Budget Adolphe Muzito, s’inscrit dans un contexte économique complexe où la stabilité monétaire reste fragile. Les 59 021 milliards de FC doivent permettre à l’exécutif de mettre en œuvre sa politique économique pour l’année 2026, avec comme objectif affiché une croissance inclusive et durable.
La suite du processus législatif verra la Commission économique et financière (Écofin) de l’Assemblée nationale procéder à un examen détaillé des prévisions, des priorités sectorielles et des équilibres macroéconomiques. Cet examen intervient à un moment crucial, à près de 30 jours de la clôture de la session budgétaire de septembre.
La réussite de cette loi de finances 2026 dépendra en grande partie de la capacité des autorités à maintenir la stabilité du franc congolais face au dollar, tout en garantissant une mobilisation optimale des recettes. La performance budgétaire en termes de maîtrise des dépenses constituera l’autre pilier essentiel de cette équation économique complexe.
Alors que le pays s’engage dans cette nouvelle année budgétaire, tous les regards se tournent vers la capacité des institutions à transformer cette appréciation monétaire en avantage concret pour l’économie nationale. La stabilisation du taux de change FC représentera-t-elle le levier décisif pour la croissance congolaise en 2026 ? La réponse se construira dans les prochains mois, au gré des décisions politiques et de l’évolution des marchés.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
