Dans la poussière rouge des routes du Kwilu, un drame routier vient de frapper la communauté de Mushipentane. Mercredi dernier, un véhicule de transport de la société Cap Congo s’est renversé, emportant deux vies et laissant une dizaine de personnes blessées. Le bilan, lourd et douloureux, résonne comme un triste rappel des conditions de transport précaires dans cette région de la République Démocratique du Congo.
« Le camion roulait à une vitesse folle », raconte un témoin encore sous le choc. « On aurait dit qu’il volait sur cette route en terre. Quand il a commencé à faire des embardées, tout le monde a crié. Puis ce fut le chaos. »
L’accident route Bagata s’est produit alors que le gros véhicule transportait des agents vers le site d’exploitation de la société. Parmi les blessés, plusieurs cas de fractures nécessitent des soins urgents à l’hôpital général de Bandundu. Comment une entreprise peut-elle exposer ainsi son personnel à de tels dangers ? La question hante désormais les esprits dans cette localité du territoire de Bagata.
Placide Mukwa, vice-président du Cadre de concertation de la société civile, ne mâche pas ses mots : « Si la société veut maximiser le travail, elle doit mettre ses agents dans les bonnes conditions. Ils n’ont pas d’excuses, même si la société est encore à ses débuts. Ils doivent mettre les agents dans les bonnes conditions pour rentabiliser leur investissement. »
Ce Mushipentane accident n’est malheureusement pas un cas isolé dans la région. La précarité des moyens de transport affecte quotidiennement des milliers de travailleurs congolais. Les blessés Bandundu soignés dans l’hôpital local ne sont que la face visible d’un problème systémique bien plus profond.
La société civile transport devient ainsi un enjeu crucial dans ces territoires éloignés. Entre les exigences de productivité des entreprises et la sécurité des travailleurs, où se situe la limite ? Les communautés locales attendent désormais des actions concrètes plutôt que des promesses.
Pendant ce temps, les familles des victimes se rassemblent, unies dans la douleur. Deux cercueils attendent à la morgue de l’hôpital général de Bandundu, tandis que les blessés graves luttent pour leur survie. Le Cap Congo accident laisse derrière lui un goût amer d’injustice et d’abandon.
La société Cap Congo, jointe à plusieurs reprises par nos soins, n’a pour l’heure fourni aucune explication sur cet accident. Ce silence est-il le signe d’une volonté de transparence ou au contraire, le révélateur d’une gestion opaque des responsabilités ?
Dans les villages environnants, l’inquiétude grandit. Les travailleurs s’interrogent : demain, sera-ce leur tour de monter dans ces véhicules surchargés et mal entretenus ? Jusqu’à quand devront-ils risquer leur vie simplement pour se rendre au travail ?
L’accident route Bagata doit servir d’électrochoc. Il est temps que les autorités et les entreprises prennent leurs responsabilités. La sécurité des travailleurs congolais ne peut plus être la variable d’ajustement de politiques économiques aveugles aux réalités humaines.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
