Le long des avenues fraîchement rénovées de Mbuji-Mayi, un vent de changement souffle sur la ville. « J’ai installé ma cabine ici il y a cinq ans pour vendre des crédits téléphoniques », témoigne Jean Kabasele, commerçant ambulant. « Maintenant, on nous demande de tout déplacer en seulement dix jours. C’est notre gagne-pain qui est en jeu. »
La décision du maire Jean-Marie Lutumba fait couler beaucoup d’encre dans la capitale du Kasaï-Oriental. Ces mesures municipales à Mbuji-Mayi visent à redonner aux piétons leurs trottoirs, longtemps envahis par des centaines de cabines commerciales. Mais à quel prix pour les petits commerçants ?
« Nous comprenons la nécessité d’embellir la ville », reconnaît Marie Tshibangu, vendeuse de beignets, « mais où allons-nous travailler ? Les parcelles riveraines coûtent cher et beaucoup de propriétaires refusent de nous accueillir. » Cette réalité soulève la question cruciale de l’accompagnement social dans les politiques d’urbanisme en RDC.
Les nouvelles avenues de Mbuji-Mayi, fierté municipale, représentent un investissement important pour la province. Leur modernisation a coûté des milliards de francs congolais. « Il est normal que la municipalité veuille protéger ces investissements », explique un urbaniste local sous couvert d’anonymat. « Mais une transition aussi brutale risque de créer plus de problèmes qu’elle n’en résout. »
L’évacuation des cabines à Mbuji-Mayi s’inscrit dans une dynamique plus large de restructuration urbaine. Depuis plusieurs mois, la municipalité multiplie les actions pour transformer l’image de la ville. Ces mesures de modernisation des avenues à Mbuji-Mayi répondent-elles aux véritables besoins de la population ?
« La circulation des piétons était devenue un calvaire », constate un habitant du quartier Dipeta. « Entre les câbles électriques, les étals et les cabines, on se frayait un chemin comme on pouvait. La décision du maire Jean-Marie Lutumba va dans le bon sens, mais sa mise en œuvre mériterait plus de souplesse. »
La question de l’évacuation des cabines à Mbuji-Mayi dépasse le simple cadre urbanistique. Elle touche à l’économie informelle qui fait vivre des milliers de familles. Comment concilier développement urbain et survie économique ? Les autorités municipales du Kasaï-Oriental devront trouver un équilibre délicat.
« Nous travaillons sur des solutions d’accompagnement », assure un collaborateur de la mairie. « Des espaces dédiés au commerce informal sont à l’étude dans différents quartiers. » Mais les commerçants concernés par l’évacuation immédiate des cabines à Mbuji-Mayi restent sceptiques, craignant que ces promesses n’arrivent trop tard.
Cette situation illustre les défis de la modernisation urbaine en République Démocratique du Congo. Entre respect des normes urbaines et réalité sociale, le chemin semble semé d’embûches. Les prochains jours seront déterminants pour évaluer l’impact réel de ces mesures municipales au Kasaï-Oriental sur la vie quotidienne des Mbujimayens.
L’urbanisme en RDC se trouve à la croisée des chemins. Faut-il privilégier l’esthétique au détriment de l’économique ? La réponse du maire Jean-Marie Lutumba semble tranchée, mais sa mise en application pourrait réserver des surprises. L’histoire nous apprend que les politiques d’urbanisme les plus réussies sont celles qui écoutent toutes les parties prenantes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
