Le fleuve Sankuru, habituellement paisible, a soudainement révélé sa face la plus sombre ce lundi 17 novembre. Une baleinière surchargée, partie de Bena Dibele avec 120 âmes à bord, a brutalement disparu sous les eaux tumultueuses, non loin de l’embouchure avec la rivière Kasaï. À ce jour, seules une cinquantaine de personnes ont été retrouvées, laissant des familles entières dans l’angoisse et le désespoir.
« Nous avons entendu des cris, puis plus rien », raconte un pêcheur local, encore sous le choc. « La rivière était particulièrement agitée ce jour-là, mais les bateaux continuent de partir surchargés, comme si de rien n’était. » Ce témoignage poignant illustre le drame humain qui se joue derrière les simples chiffres de ce naufrage de baleinière dans le Sankuru.
L’administrateur du territoire de Kole, dont dépendait l’embarcation, confirme la tragédie. Selon les informations du commissaire fluvial, le bateau effectuait la liaison vers Kinshasa, transportant des passagers dont le destin basculera en quelques minutes seulement. Comment en est-on arrivé à cette situation ? Pourquoi les accidents fluviaux se multiplient-ils en RDC sans que des mesures concrètes ne soient prises ?
La localité de Bena Dibele, point de départ du fatal voyage, est plongée dans le deuil. Les familles des disparus errent le long des berges, espérant contre toute raison retrouver leurs proches. « Mon frère était à bord avec toute sa famille », sanglote une femme rencontrée sur place. « Ils partaient pour Kinshasa chercher une vie meilleure. Maintenant, nous ne savons même pas s’ils sont morts ou vivants. »
Ce drame met en lumière les conditions de navigation préoccupantes dans la région du Kasaï. Les baleinières, souvent surchargées et mal entretenues, continuent de sillonner les cours d’eau au mépris des normes de sécurité les plus élémentaires. L’accident fluvial du Kasaï n’est malheureusement pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une longue liste de tragédies maritimes en RDC qui pourraient être évitées.
Les opérations de recherche se poursuivent dans des conditions difficiles. Les équipes de secours, limitées en moyens et en personnel, peinent à couvrir l’immense zone du naufrage. La rivière Sankuru, large et puissante à cet endroit, ne facilite pas leur tâche. Chaque heure qui passe réduit les chances de retrouver des survivants, transformant l’espoir en cauchemar pour les proches des disparus.
Cette nouvelle tragédie maritime en RDC soulève des questions cruciales sur la sécurité des transports fluviaux dans le pays. Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des mesures strictes ne soient appliquées ? Quand cessera-t-on de considérer les accidents de baleinière comme une fatalité ? La régulation du transport fluvial et le contrôle du respect des normes de sécurité apparaissent plus que jamais comme une urgence absolue.
Le naufrage de la baleinière entre Ilebo et Kinshasa rappelle cruellement la vulnérabilité des populations qui dépendent des voies fluviales pour leurs déplacements. Dans un pays où les routes sont souvent impraticables, le fleuve reste l’artère vitale pour des milliers de Congolais. Mais cette dépendance ne devrait pas signifier mettre sa vie en danger à chaque traversée.
Alors que le bilan de ce drame continue de s’alourdir, une question demeure : cette tragédie suffira-t-elle à provoquer une prise de conscience des autorités ? La sécurité des transports fluviaux mérite-t-elle moins d’attention que d’autres secteurs ? La réponse se trouve peut-être dans les larmes des familles des victimes et dans la détermination de ceux qui réclament un changement profond.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
