Le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe a été le théâtre d’un réquisitoire particulièrement sévère ce mardi 18 novembre, lorsque l’auditeur militaire a requis la peine de perpétuité à l’encontre d’Honorine Porsche, présentée comme la présumée auteure principale du braquage déjoué le 16 octobre dernier à l’agence Rawbank Victoire. Cette demande de sanction extrême souligne la gravité exceptionnelle que le ministère public attribue à ce dossier judiciaire retentissant.
Dans ce procès militaire qui captive l’attention des observateurs judiciaires congolais, la répression s’annonce implacable pour les quatre coaccusés de la principale prévenue, contre lesquels la peine capitale a été sollicitée. Cette distinction dans le traitement pénal entre les différents protagonistes interroge sur la hiérarchisation des responsabilités au sein de ce réseau criminel présumé. Comment le tribunal militaire justifiera-t-il cette différence fondamentale dans les réquisitions?
Sur le plan civil, les demandes d’indemnisation atteignent des montants substantiels qui reflètent l’ampleur des préjudices allégués. Rawbank, institution financière directement visée par cette tentative de braquage, réclame devant la justice militaire la somme de cinq millions de dollars américains pour compenser les dommages subis. Parallèlement, la République démocratique du Congo, représentée par ses institutions, sollicite une indemnisation de dix millions de dollars, marquant ainsi la dimension étatique de ce contentieux judiciaire.
La défense d’Honorine Porsche, loin de rester passive face à ces réquisitions, a vigoureusement dénoncé une procédure qu’elle estime entachée de multiples irrégularités. L’équipe d’avocats a pointé du doigt ce qu’elle qualifie de « zones d’ombre » substantielles dans le dossier d’instruction, laissant planer le doute sur la régularité de l’enquête préalable. Ces arguments seront développés lors des plaidoiries prévues dans le cadre des audiences ultérieures.
Le déroulement procédural prévoit la poursuite des débats ce mercredi, avec l’intervention des conseils de la défense qui tenteront de démontrer les failles alléguées dans l’instruction. Cette phase cruciale du procès militaire permettra d’entendre la version des événements défendue par la défense, avant que le tribunal ne procède à la clôture des débats et ne mette l’affaire en délibéré. La complexité de ce dossier laisse présager des délibérations particulièrement attentives de la part des juges militaires.
Ce procès s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre la criminalité financière en République démocratique du Congo, où les atteintes aux institutions bancaires font l’objet d’une répression judiciaire accrue. La sévérité des réquisitions témoigne de la volonté des autorités congolaises de dissuader les tentatives similaires, dans un climat économique déjà fragilisé par diverses pressions.
La question de l’indemnisation des préjudices subis par Rawbank Victoire et par l’État congolais représente un enjeu financier considérable, dont l’issue pourrait créer un précédent important dans le traitement judiciaire des atteintes aux biens publics et privés. Les montants réclamés, s’ils étaient accordés par la juridiction militaire, constitueraient l’une des plus importantes condamnations pécuniaires prononcées dans ce type d’affaire.
L’attention des milieux judiciaires et financiers congolais reste braquée sur les développements de cette affaire, dont le verdict final est attendu avec une particulière intensité. La décision du tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe enverra un signal fort quant à la politique répressive adoptée face aux atteintes graves à l’ordre économique et sécuritaire national.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
