Le territoire de Kambove, cœur battant de l’activité minière du Haut-Katanga, a servi de cadre samedi 16 novembre à une journée scientifique cruciale, organisée par l’association « l’Elite de Kambove ». Cet événement d’envergure, placé sous le thème « Kambove et ses mines : quelles retombées ? », a rassemblé experts, représentants des sociétés minières et membres de la société civile autour d’une question fondamentale : comment transformer la richesse du sous-sol en développement tangible pour les populations locales ?
Les débats, d’une intensité rare, ont mis en lumière le paradoxe congolais : une région regorgeant de ressources minérales précieuses où les communautés peinent encore à percevoir les bénéfices escomptés. La cartographie minière de Kambove, présentée en ouverture, révèle pourtant un potentiel exceptionnel, avec pas moins de six sociétés minières opérationnelles sur le territoire. Mais au-delà des chiffres bruts, c’est la gouvernance minière du Haut-Katanga qui se trouve aujourd’hui questionnée.
La responsabilité sociétale des entreprises minières s’est imposée comme le fil rouge des discussions. Comment ces géants de l’extraction peuvent-ils véritablement impacter le développement local ? Les représentants de Mika, SEK/Kipoi, COMIKA, Kambove Mining, COMILU et New Minerals ont détaillé leurs réalisations concrètes : construction d’écoles, érection de centres de santé, programmes d’appui social et environnemental. Ces initiatives, bien que louables, soulèvent une interrogation majeure : répondent-elles réellement aux besoins prioritaires des populations ?
La question épineuse de la redevance minière en RDC a particulièrement animé les échanges. Le fameux pourcentage de 0,3% destiné aux communautés locales apparaît aujourd’hui comme un seuil minimal, souvent insuffisant face aux immenses défis du développement territorial. Les participants ont plaidé pour une révision ambitieuse du cadre légal, capable d’assurer un partage plus équitable des richesses générées par l’exploitation minière.
Les cahiers de charges, ces documents censés encadrer les engagements des entreprises, ont été passés au crible d’une analyse sans concession. Le constat est sévère : entre les promesses sur papier et la réalité du terrain, l’écart reste significatif. Le respect des engagements et la transparence dans la gestion des fonds miniers constituent les piliers indispensables à une relation de confiance renouvelée entre industriels et communautés.
Quelles perspectives pour les retombées minières à Kambove ? L’équation est complexe : comment concilier rentabilité économique des entreprises et bien-être des populations ? La journée scientifique a mis en évidence la nécessité d’un nouveau modèle de gouvernance, plus inclusif et plus transparent. Les entreprises minières doivent-elles se contenter de construire des infrastructures, ou développer une véritable stratégie d’autonomisation des communautés ?
Le développement local autour des mines congolaises se heurte encore à de nombreux défis : manque de coordination entre les différents acteurs, insuffisance des mécanismes de contrôle, faible capacité de suivi des engagements. Pourtant, les exemples présentés démontrent que lorsque la volonté politique et la responsabilité entrepreneuriale convergent, les résultats sont au rendez-vous.
Cette rencontre historique pourrait marquer un tournant dans la relation entre l’industrie minière et les territoires qui l’accueillent. La balle est désormais dans le camp des autorités provinciales et nationales : sauront-elles transformer ces réflexions en actions concrètes ? L’avenir du développement local dans le Haut-Katanga en dépend directement. Les populations de Kambove, après des décennies d’attente, méritent enfin de voir les fruits de leur sous-sol se traduire en amélioration tangible de leurs conditions de vie.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
