La résolution de la crise des Mobondo dans l’Ouest de la République Démocratique du Congo tarde toujours à se concrétiser. Plusieurs mois après les annonces gouvernementales, la situation sécuritaire reste préoccupante dans cette région meurtrie par les violences intercommunautaires. Les forums de paix tant attendus pour 2025 dans le grand Bandundu suscitent désormais plus de scepticisme que d’espoir parmi les populations locales.
Le territoire de Kwamouth représente aujourd’hui l’épicentre de cette crise Mobondo persistante. Des miliciens continuent d’occuper plusieurs villages stratégiques, allant même jusqu’à installer des chefs coutumiers parallèles. Les localités d’Etumba Na Ngwaka, Fadiaka, Kimomo et l’axe routier Masiambio-Kwamouth restent sous l’emprise de ces groupes armés. Comment expliquer cette incapacité à restaurer l’autorité de l’État dans ces zones pourtant cruciales pour la stabilité régionale ?
Stany Libie, autorité traditionnelle à Kwamouth, exprime son amertume face à cette situation qui s’éternise. « À voir comment les choses se passent, avec la tenue de la conférence des gouverneurs en décembre à Bandundu, on se dit que les forums de paix devraient être organisés bien avant », souligne-t-il. Le chef coutumier déplore l’écart entre les promesses gouvernementales et la réalité sur le terrain. « Le VPM avait promis le passage de la RAD, il n’y a rien qui a changé. Tout est intact depuis le début ».
La situation sécuritaire dans l’Ouest RDC reste donc particulièrement volatile. Certains miliciens ont certes déposé les armes et se sont rendus aux forces gouvernementales, mais leur prise en charge par la Réserve Armée de Défense (RAD) tarde à se concrétiser. Cette lenteur dans le processus de démobilisation et de réinsertion risque-t-elle de compromettre les efforts de pacification entrepris jusqu’à présent ?
Le Vice-Premier Ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, avait pourtant effectué une tournée dans le grand Bandundu il y a plusieurs mois. Dans les provinces du Kwango, Kwilu et Maï-Ndombe, il avait annoncé l’élaboration d’un cahier des charges pour l’organisation des forums de paix. Une approche holistique avait été promise, intégrant l’ensemble des conflits qui secouent la région. Où en est-on aujourd’hui dans la concrétisation de ce plan ambitieux ?
Le modèle de résolution du conflit Mbole-Lengola dans la province de la Tshopo avait été présenté comme exemple à suivre. Pourtant, le processus dans le grand Bandundu semble marquer le pas. Les populations locales s’interrogent sur les véritables obstacles qui entravent l’organisation de ces forums de paix. S’agit-il de problèmes logistiques, de divergences politiques ou d’une sous-estimation de la complexité du conflit Mobondo ?
La route Masiambio-Kwamouth, toujours contrôlée par les miliciens, symbolise l’impasse sécuritaire actuelle. L’installation de chefs coutumiers parallèles dans plusieurs villages démontre la volonté des groupes armés de s’ancrer durablement dans le paysage local. Cette situation remet en cause la souveraineté étatique et compromet les efforts de cohésion sociale dans une région déjà fragilisée.
Les forums de paix 2025 représentaient un espoir pour des milliers de déplacés et de familles affectées par cette crise. Leur report ou leur annulation éventuelle constituerait un sérieux revers pour la stabilisation de l’Ouest congolais. La communauté internationale observe avec attention l’évolution de cette situation sécuritaire préoccupante.
La restauration de l’autorité de l’État dans les zones occupées par les miliciens Mobondo reste la condition sine qua non pour tout processus de paix durable. Les populations locales, prises entre les promesses gouvernementales et la réalité sécuritaire, attendent des actes concrets. Le temps presse pour éviter une aggravation de cette crise qui menace la stabilité de toute la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
