Les cris déchirants résonnent encore dans la mémoire des témoins. « Nous étions plus de cinquante sur ce pont quand les coups de feu ont éclaté. Tout le monde a paniqué, courant dans tous les sens. La structure a craqué, puis c’est tombé dans l’eau boueuse », raconte un survivant, le regard encore hanté par l’horreur vécue ce samedi 15 novembre 2025.
Le site minier de Mulondo, dans le territoire de Mutshatsha, province du Lualaba, porte désormais les stigmates d’une tragédie annoncée. Ce pont de fortune, érigé clandestinement par des creuseurs artisanaux, devait leur permettre d’accéder à une zone minière privée. Mais sous la pression d’une foule en fuite après des tirs attribués aux gardes du site, la structure précaire n’a pas résisté.
Combien sont-ils à avoir perdu la vie dans cet effondrement ? Les autorités provinciales restent prudentes, évoquant « plusieurs morts » sans pouvoir fournir de bilan définitif. Les opérations de recherche se poursuivent dans des conditions extrêmement difficiles, au cœur de cette tranchée remplie d’eau de pluie où tant d’hommes ont disparu.
Le ministre provincial de l’Intérieur s’est rendu sur place pour tenter d’apaiser les tensions, tandis que son homologue des Mines a visité les lieux dimanche matin, promettant une évaluation complète avant toute déclaration officielle. Mais face à cette nouvelle tragédie, que valent les promesses ?
Cet accident minier dans le Lualaba n’est malheureusement pas un cas isolé. Il s’inscrit dans une longue liste de drames qui ponctuent l’exploitation minière clandestine en RDC. Comment en est-on arrivé là ? Quelle détresse pousse ces hommes à risquer leur vie quotidiennement dans des conditions si périlleuses ?
La réponse se niche peut-être dans la précarité économique qui frappe de nombreuses familles de la région. « Nous n’avons pas le choix », confie un creuseur rencontré à proximité du site. « C’est ça ou voir nos enfants mourir de faim. » Un dilemme cruel qui résume toute la tragédie sociale derrière ce drame minier à Mutshatsha.
L’effondrement du pont de Mulondo révèle ainsi l’ampleur d’un système qui pousse des milliers de Congolais à braver tous les dangers. Absence de normes de sécurité, structures de fortune, pression des milices armées… Les creuseurs artisanaux évoluent dans un environnement où la mort rôde à chaque instant.
Ce drame minier dans le Lualaba interpelle une fois de plus sur l’urgence de réguler le secteur artisanal. Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des solutions durables ne soient mises en place ? L’exploitation minière clandestine en RDC continue de faire des victimes, dans l’indifférence quasi générale.
Alors que les recherches se poursuivent à Mulondo, une question demeure : cette tragédie marquera-t-elle un tournant dans la prise en charge des creuseurs artisanaux, ou restera-t-elle simplement un épisode de plus dans la longue litanie des accidents miniers qui ensanglantent le pays ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
