Dans un geste de solidarité qui fait du bien au cœur, la Croix-Rouge de l’Ituri a tendu la main à plus de deux cents familles déplacées à Bunia. Cette aide humanitaire en Ituri arrive comme une bouée de sauvetage pour des personnes qui ont tout perdu dans les violences du territoire de Djugu. Mais cette lueur d’espoir suffira-t-elle à apaiser les souffrances de ces familles déchirées par la guerre ?
Dieudonné Grodya, assis sur un tabouret bancal devant son abri de fortune, serre dans ses mains tremblantes les 200 000 francs congolais qu’il vient de recevoir. « Cette assistance donne un nouvel espoir de vie à ma famille », confie-t-il, les yeux brillants d’une émotion contenue. À ses côtés, son épouse esquisse un sourire timide, le premier depuis leur fuite précipitée de Tshele. L’infirmité de Dieudonné, séquelle des violences dans son village natal, rend cette aide financière encore plus cruciale.
Ces familles déplacées à Bunia ont fui il y a plus de quatre mois les affrontements sanglants entre l’armée et la milice CRP dans les localités de Iga-barrière, Lopa et Solenyama. Leur exode les a conduits vers l’incertaine sécurité de Bunia, laissant derrière eux champs, souvenirs et dignité. La Croix-Rouge RDC tente aujourd’hui de panser leurs plaies les plus urgentes, mais comment soigner des traumatismes si profonds ?
L’assistance financière directe vise principalement à subvenir aux besoins alimentaires essentiels. Pourtant, les bénéficiaires doivent faire face à bien d’autres défis : trouver un abri décent, scolariser leurs enfants, accéder aux soins de santé. La précarité est leur quotidien, et cette aide, bien que vitale, ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan de besoins.
Lemi Tabayi, président provincial de la Croix-Rouge en Ituri, ne cache pas l’ampleur du défi. Son organisation prévoit d’étendre son assistance à d’autres centaines de déplacés, notamment ceux installés sur les sites de Kigonze et à l’ISP de Bunia. Mais face à l’ampleur des besoins humanitaires, il lance un appel pressant aux autres organisations humanitaires. « Nous ne pouvons pas faire face seuls à cette crise », affirme-t-il, la voix chargée d’une gravité qui en dit long sur l’urgence de la situation.
Les autorités locales, quant à elles, encouragent les déplacés à regagner leurs entités d’origine, où la sécurité serait progressivement rétablie. Une démarche qui vise à favoriser la réintégration communautaire et à réduire la dépendance à l’aide humanitaire. Mais comment demander à ces familles de retourner vers ces terres qui portent encore les stigmates de la violence ? Comment retrouver la sérénité dans des villages où chaque pierre rappelle la peur et la souffrance ?
La situation dans le territoire de Djugu reste volatile, et les violences continuent de jeter sur les routes de nouveaux déplacés chaque semaine. L’assistance aux familles déplacées devient ainsi un marathon humanitaire où la ligne d’arrivée semble sans cesse reculer. Les organisations humanitaires en RDC doivent composer avec des ressources limitées face à des besoins exponentiels.
Au-delà de l’urgence alimentaire, c’est tout un écosystème social qu’il faut reconstruire. Les enfants privés d’école, les femmes confrontées à des risques accrus de violence, les personnes âgées abandonnées à leur sort – la crise humanitaire en Ituri dessine les contours d’une société en lambeaux. L’aide financière de la Croix-Rouge représente une bouffée d’oxygène, mais l’air manque cruellement dans cette région meurtrie.
Alors que le soleil se couche sur Bunia, Dieudonné et sa famille peuvent espérer manger à leur faim pendant quelques semaines. Mais demain ? Et après-demain ? L’assistance humanitaire peut-elle se contenter de solutions temporaires face à une crise qui s’installe dans la durée ? La réponse durable passe nécessairement par la sécurisation des zones de retour et la relance des activités économiques. En attendant, chaque jour apporte son lot de défis pour ces familles déplacées qui tentent de reconstruire, pierre par pierre, le fragile édifice de leur existence.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
