Dans un scrutin dont l’issue ne faisait guère de doute, l’honorable Aimé Boji Sangara a été porté à la tête de l’Assemblée nationale ce jeudi 13 novembre, lors d’une plénière tenue au Palais du Peuple à Kinshasa. Avec 413 voix sur 423 votants, le nouveau président de l’Assemblée nationale RDC bénéficie d’une légitimité parlementaire incontestable, obtenant près de 98% des suffrages exprimés. Ce score quasi-unanime interroge sur la marge de manœuvre réelle dont disposera le successeur de Vital Kamerhe pour imposer son leadership.
La succession Vital Kamerhe s’est donc opérée dans une atmosphère de consensus apparent, mais derrière cette unanimité de façade se cachent des enjeux politiques autrement plus complexes. L’élection Assemblée nationale RDC intervient dans un contexte institutionnel particulièrement sensible, où le nouveau président devra naviguer entre les exigences de la majorité présidentielle et les revendications d’une opposition en quête de reconnaissance.
Jean-Claude Tshilumbayi, président intérimaire de l’Assemblée nationale, a officiellement proclamé les résultats en soulignant la conformité du processus avec l’article 28 du règlement intérieur. Cette référence procédurière ne doit pas masquer les véritables rapports de force qui se sont joués en amont de ce scrutin. La question demeure : Aimé Boji Sangara parviendra-t-il à s’affirmer comme un président indépendant ou ne sera-t-il que l’exécutant docile de la majorité?
Dans le même temps, l’élection de Clotilde Mutita au poste de rapporteur adjointe du Bureau de l’Assemblée nationale introduit un élément de pluralisme dans cette configuration politique. Avec 389 voix sur 424 votants, la députée d’opposition succède à Dominique Munongo dans une fonction stratégique pour le contrôle de l’activité parlementaire. La nomination de Clotilde Mutita rapporteur adjointe représente-t-elle une véritable ouverture ou simplement un geste symbolique à destination de l’opposition?
Le défi principal qui attend Aimé Boji Sangara réside dans sa capacité à incarner une institution parlementaire crédible face à un exécutif souvent perçu comme dominateur. L’héritage de Vital Kamerhe pèse lourd, et la gestion de la succession s’annonce délicate dans un environnement politique où les équilibres sont constamment redéfinis. La composition du bureau définitif de l’Assemblée nationale constituera le premier test de la volonté réformatrice du nouveau président.
Au-delà des déclarations protocolaires, l’élection de ce jeudi dessine les nouvelles lignes de force de la démocratie congolaise. La forte participation et les scores élevés témoignent-ils d’une maturité politique retrouvée ou simplement d’une discipline de vote imposée par les appareils politiques? La réponse se trouvera dans les premiers actes du président Boji Sangara et dans la manière dont il abordera les dossiers sensibles à l’ordre du jour parlementaire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
