La quatrième réunion du Comité mixte de surveillance de l’Accord de paix Washington RDC-Rwanda s’est tenue dans un climat de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, dressant un constat sans appel : la mise en œuvre patine dangereusement. Les délégations congolaise et rwandaise, accompagnées de leurs partenaires américains, qataris, togolais et de l’Union africaine, ont convenu de l’urgence d’accélérer le processus de paix Est RDC.
Le département d’État américain, dans son communiqué final, a souligné l’adoption d’« actions concrètes à court terme » visant spécifiquement la neutralisation du groupe armé FDLR et l’accélération du désengagement des forces rwandaises. Cette diplomatie internationale Congo fait-elle enfin bouger les lignes dans ce conflit armé Kivu qui dure depuis des décennies ?
Sur le terrain, une campagne de sensibilisation à la reddition volontaire des combattants FDLR Nord-Kivu bat son plein dans le territoire de Walikale. Le général de Brigade Sasa Nzita, dépêché spécialement de Kinshasa, a dirigé mercredi une importante réunion avec la population locale. Les échanges ont révélé une situation contrastée : tandis que les habitants affirment unanimement que les FDLR ont quitté la zone, Kigali maintient que la rive gauche de la rivière Lowa reste sous occupation du groupe rebelle.
« La population doit s’impliquer activement dans cette campagne de sensibilisation », a déclaré le général Nzita, annonçant l’extension prochaine de cette initiative aux territoires de Masisi et Rutshuru. Cette approche vise à encourager le retour pacifique des combattants rwandais dans leur pays d’origine, évitant ainsi de nouveaux affrontements dans cette région meurtrie.
Le processus de paix Est RDC traverse actuellement une phase cruciale. Alors que le président Félix Tshisekedi affirmait récemment à la communauté congolaise du Brésil que les pourparlers de Washington et Doha « sont sur le point d’aboutir », la réalité sur le terrain semble plus complexe. Les observateurs internationaux soulignent le décalage entre les avancées diplomatiques et la persistance des tensions locales.
L’Accord de Washington et le processus de Doha représentent les deux piliers complémentaires des efforts de résolution du conflit. Si le premier cadre les relations bilatérales RDC-Rwanda, le second aborde les dimensions internes congolaises, notamment la restauration de l’autorité de l’État et la réintégration des groupes armés. Cette dualité explique-t-elle les difficultés de mise en œuvre ?
La communauté internationale reste vigilante face aux engagements des parties. Les États-Unis, en particulier, jouent un rôle central dans ce processus de paix Est RDC, exerçant une pression constante sur les deux capitales pour honorer leurs obligations. Le Qatar et l’Union africaine apportent quant à eux une légitimité régionale indispensable à la crédibilité du processus.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir de l’Accord de paix Washington RDC-Rwanda. La capacité des parties à traduire leurs engagements en actions tangibles sur le terrain constituera le véritable test de leur volonté politique. La neutralisation effective des FDLR Nord-Kivu et le désengagement vérifiable des forces rwandaises représenteront les premiers indicateurs concrets de progrès.
Dans ce conflit armé Kivu aux multiples ramifications, la diplomatie internationale Congo fait face à l’un de ses plus grands défis. La persistance des accusations mutuelles et la méfiance historique entre Kinshasa et Kigali continuent d’entraver les avancées. Pourtant, l’alternative à la paix apparaît plus coûteuse encore pour les populations civiles, premières victimes de cette instabilité chronique.
Alors que le processus de paix Est RDC entre dans une phase décisive, la communauté internationale observe avec attention la capacité des acteurs à surmonter leurs divergences. L’enjeu dépasse largement le cadre bilatéral : c’est la stabilité de toute la région des Grands Lacs qui se joue dans ces négociations. La mise en œuvre effective de l’Accord de Washington constituerait un tournant historique dans la résolution de ce conflit qui dure depuis trop longtemps.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
