La Cour militaire de Kinshasa-Gombe a prononcé jeudi 6 novembre un verdict attendu dans l’affaire des traitements inhumains et dégradants infligés à Honorine Porsche, suspectée de participation au braquage de la Rawbank Victoire survenu le 16 octobre dernier. Cette décision judiciaire intervient dans un contexte de tensions persistantes autour des méthodes employées par certaines unités des forces de sécurité congolaises.
L’adjudant reconnu coupable d’avoir directement participé aux sévices a écopé de dix années de réclusion criminelle, une peine significative qui témoigne de la gravité des faits reprochés. En revanche, les officiers impliqués dans la même affaire ont bénéficié d’un acquittement, créant ainsi un contraste saisissant dans le traitement judiciaire des différents accusés. La cour a par ailleurs alloué à la victime, Honorine Porsche, une indemnisation de 5 000 dollars américains au titre des préjudices subis.
Comment expliquer cette divergence dans les verdicts rendus à l’encontre des militaires poursuivis ? La question demeure en suspens alors que l’ensemble des parties concernées ont d’ores et déjà manifesté leur intention de interjeter appel devant les juridictions supérieures. Cette volonté commune de poursuivre la bataille judiciaire laisse présager une prolongation des procédures devant les instances d’appel du système judiciaire militaire congolais.
Ce jugement représente néanmoins un précédent notable dans la lutte contre les abus commis au sein des forces de sécurité en République Démocratique du Congo. L’institution militaire démontre ainsi sa capacité à sanctionner les comportements déviants de ses membres, même si certaines voix s’élèvent pour dénoncer l’acquittement des officiers comme un signe d’impunité partielle.
Parallèlement à cette affaire, un second procès se déroule devant le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe concernant le braquage proprement dit de l’agence Rawbank Victoire. Dans ce dossier distinct, Honorine Porsche et quatre policiers comparaissent pour des chefs d’accusation particulièrement graves : vol à main armée, actes de terrorisme et association de malfaiteurs. La complexité de cette affaire nécessite des investigations approfondies, comme en témoigne la descente programmée pour ce vendredi 7 novembre sur les lieux du braquage.
Cette reconstitution judiciaire, ordonnée par le tribunal militaire, vise à éclaircir les circonstances exactes du braquage de la Rawbank et à déterminer avec précision le rôle attribuable à chaque prévenu. Les magistrats militaires entendent ainsi établir les faits de manière irréfutable avant de rendre leur verdict dans cette seconde procédure. Cette démarche méthodique souligne la volonté des juridictions militaires congolaises de garantir un procès équitable, respectueux des principes fondamentaux de la justice.
La concomitance de ces deux procès met en lumière les défis auxquels est confronté le système judiciaire militaire en RDC, tiraillé entre la nécessité de sanctionner les abus commis par ses membres et l’obligation de réprimer les actes de banditisme qui menacent la sécurité des citoyens et des institutions financières. Ces affaires cristallisent les enjeux de la réforme du secteur de la sécurité, régulièrement évoquée par les autorités congolaises et leurs partenaires internationaux.
Le traitement judiciaire de ces dossiers sensibles sera observé avec attention par l’ensemble de la classe politique et de la société civile congolaise, soucieuse de voir s’instaurer une justice impartiale et indépendante, capable de sanctionner équitablement toutes les parties impliquées, qu’elles appartiennent aux forces de sécurité ou à la société civile.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
