Le crissement des pneus, un cri collectif, puis le silence lourd de conséquences. C’est dans ce fracas qu’ont péri cinq personnes ce dimanche 2 novembre à Swima, territoire de Fizi. Parmi les victimes, un militaire des FARDC et quatre civils, emportés par un accident qui aurait pu être évité.
« Le camion transportant marchandises et passagers s’est renversé sur le ravin d’en face du centre de santé de Swima », témoigne un habitant encore sous le choc. La scène, digne d’un cauchemar, a laissé la communauté locale en état de choc. Comment en est-on arrivé là ? La réponse semble se trouver dans l’accumulation de négligences et de mauvaises conditions.
L’administrateur du territoire de Fizi, Samy Kalonji Badibanga, pointe du doigt l’imprudence du chauffeur : « Le chauffeur n’a pas voulu que les passagers descendent pour alléger les charges du véhicule ». Une décision fatale qui a coûté la vie à cinq personnes et blessé cinq autres, aujourd’hui hospitalisées dans un état critique.
Mais au-delà de cette erreur humaine, c’est tout un système défaillant qui est mis en cause. La route nationale numéro 5, véritable colonne vertébrale du Sud-Kivu, se dégrade depuis des mois. Les nids-de-poule se transforment en pièges mortels, les virages deviennent des passages périlleux, et les ponts menacent de céder à chaque passage de véhicule.
La situation est telle qu’à Lwanga à Makobola, les véhicules risquent constamment d’être emportés par les eaux du Lac Tanganyika. Pendant ce temps, à Kabimba dans le groupement de Kalungwe, les habitants ont pris les choses en main en barricadant la route. Leur revendication ? Le curage urgent de la rivière Kabimba dont les débordements menacent quotidiennement leur sécurité.
« Nous en avons assez de voir nos frères et sœurs mourir sur cette route », lance un jeune de la localité. « Chaque jour qui passe sans intervention des autorités, c’est un risque supplémentaire pour nos vies. »
La société civile du Sud-Kivu tire la sonnette d’alarme. Les appels se multiplient pour une réhabilitation urgente de cette artère vitale. « Nous sommes en pleine saison des pluies », rappelle un membre d’ONG locale. « Chaque goutte qui tombe aggrave la situation et multiplie les dangers pour les usagers. »
Les accidents sur la route nationale 5 ne sont malheureusement plus des exceptions. Ils sont devenus une triste routine, un fléau qui frappe indistinctement militaires et civils, jeunes et vieux, riches et pauvres. La sécurité routière au Congo semble être un vœu pieux dans cette région où les infrastructures se dégradent plus vite qu’elles ne sont réparées.
Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des mesures concrètes ne soient prises ? La question hante tous les esprits dans le territoire de Fizi. Les familles des victimes de l’accident de Swima attendent des réponses, mais surtout des actions qui empêcheront d’autres drames similaires.
La route nationale 5, censée être un vecteur de développement et de connexion entre les communautés, est devenue un chemin de croix pour des milliers d’usagers quotidiens. Entre Uvira et Baraka, chaque trajet se transforme en pari sur la vie, où l’on mise son existence contre l’état déplorable de la chaussée et l’imprudence de certains conducteurs.
Alors que la saison des pluies s’intensifie, la crainte grandit parmi les populations riveraines. Chaque nouveau voyage est une angoisse, chaque départ peut être le dernier. Dans les centres de santé comme celui de Swima, qui a vu le drame se dérouler à ses portes, le personnel se prépare psychologiquement à recevoir d’autres victimes d’accidents de la route.
La balle est désormais dans le camp des autorités. Réagiront-elles avant le prochain drame ? Ou attendront-elles que de nouvelles vies soient fauchées sur cette route de tous les dangers ? La population, elle, espère que les cinq morts de Swima seront les derniers à payer de leur vie le prix de l’inaction.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
