Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a dressé un tableau alarmant de la situation humanitaire en République démocratique du Congo lors de la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, tenue à Paris ce jeudi. Selon le chef de l’ONU, la RDC traverse l’une des crises humanitaires les plus graves au monde, marquée par trois décennies de violence continue et de souffrances profondes.
Les chiffres avancés par Antonio Guterres donnent la mesure de l’ampleur de cette crise humanitaire en RDC : plus de 21 millions de personnes ont besoin d’une aide urgente, 5,7 millions sont déplacées à l’intérieur du pays et plus de 27 millions souffrent d’insécurité alimentaire. « Rien que cette année, les violences armées ont fait des centaines de morts et des milliers de blessées », a-t-il précisé devant les participants à cette conférence internationale.
Comment en est-on arrivé à une situation aussi critique ? La réponse réside dans l’effondrement des services essentiels, incluant les systèmes de santé, d’éducation, d’eau et d’assainissement. La multiplication des cas de choléra et les rapports faisant état de recrutements forcés, d’exécutions et de violences sexuelles viennent compléter ce sombre tableau. Pourtant, malgré cette situation désastreuse, Antonio Guterres note que des progrès importants ont été accomplis récemment.
Parmi les éléments encourageants dans ce conflit des Grands Lacs, le secrétaire général de l’ONU cite l’Accord de paix facilité par les États-Unis entre le Rwanda et la RDC, ainsi que les négociations en cours entre le gouvernement congolais et le M23 sous médiation qatarie. Ces dernières ont d’ailleurs abouti récemment à un accord sur le suivi et la vérification du cessez-le-feu, représentant une avancée significative dans le processus de paix en RDC.
Mais la prudence reste de mise, avertit Antonio Guterres. La situation demeure « extrêmement préoccupante » selon ses termes, les violences persistantes dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri compromettant la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs. Cette conférence de Paris doit donc marquer un tournant décisif dans l’engagement international.
« Des millions de civils comptent sur le soutien de la communauté internationale », a plaidé le secrétaire général, exhortant les donateurs à soutenir le Plan de réponse humanitaire qui « manque cruellement de ressources ». Au-delà de l’aide d’urgence, Antonio Guterres insiste sur la nécessité de mettre en œuvre sans délai les accords de paix existants et de faire cesser les combats immédiatement.
L’appel du chef de l’ONU s’adresse particulièrement aux parties prenantes du conflit, qu’il encourage à honorer leurs engagements au titre de l’Accord de Washington et de la Déclaration de principes de Doha. Le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC constitue un point fondamental, tout comme la nécessité de traiter « à la racine » les causes profondes de l’instabilité et de la violence qui minent la région.
Quelle perspective pour le processus de paix en RDC ? Les Nations Unies continueront de soutenir les efforts de paix, notamment à travers l’appui de la MONUSCO à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent. La résolution 2773 du Conseil de sécurité représente un cadre essentiel que toutes les parties doivent pleinement respecter pour espérer voir s’installer une paix durable dans cette région meurtrie.
La communauté internationale se trouve ainsi face à un double défi : répondre à l’urgence humanitaire immédiate tout en œuvrant à une solution politique durable. Les déclarations d’Antonio Guterres à Paris sonnent comme un rappel cruel de l’ampleur des souffrances endurées par la population congolaise, mais aussi comme un appel à l’action pour ne pas abandonner des millions de personnes dans cette crise oubliée.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net

