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Responsabilité médicale : recours en cas d’erreur de diagnostic en RDC

Un diagnostic erroné n’est pas automatiquement une faute, mais il peut engager la responsabilité du praticien si l’on démontre un manquement aux règles de l’art (prudence, diligence, conformité aux données acquises de la science) et qu’un préjudice en découle. En droit congolais, la relation médecin-patient impose au praticien une obligation de moyens (soigner consciencieusement), non de résultat : c’est la défaillance par rapport au comportement d’un médecin normalement compétent et diligent, placé dans les mêmes circonstances, qui caractérise la faute médicale.

Ce que disent les textes congolais

  • Déontologie médicale. Le Code de déontologie (Ordonn. n° 70/158 du 30/04/1970) encadre la pratique : le médecin doit éviter tout traitement non fondé, toute expérimentation téméraire et s’abstenir d’actes dépassant sa compétence. Ces règles servent de référence pour apprécier un manquement professionnel.

  • Droits des patients et tenue des dossiers. La Loi-cadre n° 18/035 sur la santé publique consacre la qualité des soins, l’information du patient et l’organisation du système de santé (zones de santé). Elle prévoit la tenue et la conservation des dossiers des patients (utiles comme preuves) et leur transfert au Bureau central de la zone de santé en cas de fermeture d’un établissement.

  • Responsabilité civile (réparation du dommage). Le Code civil, Livre III, fonde l’obligation de réparer le dommage causé par sa faute, sa négligence ou son imprudence (art. 258-259). C’est sur cette base qu’une action en indemnisation peut être intentée contre un professionnel de santé ou un établissement.

  • Responsabilité pénale (négligence ayant causé blessures ou décès). Le Code pénal réprime l’homicide et les lésions involontaires causés par défaut de prévoyance ou de précaution (art. 52-55). En cas de faute grave ayant entraîné des blessures ou un décès, une plainte pénale est possible.

  • Discipline professionnelle. Les médecins sont organisés au sein de l’Ordre national des médecins (Ord.-loi de 1968 ; textes d’application sur l’organisation/élections des conseils). L’Ordre peut connaître des plaintes déontologiques et prononcer des sanctions disciplinaires.

Vos voies de recours en pratique

  1. Réclamation interne à l’hôpital/centre de santé
    Adressez d’abord une plainte écrite et datée à la Direction médicale (ou Médecin-Directeur). Demandez l’ouverture d’une revue de cas et conservez toute réponse. Appuyez-vous sur vos pièces médicales (ordonnances, résultats, bilan d’imagerie, etc.), que la loi sur la santé publique impose de conserver au sein de l’établissement.

  2. Plainte déontologique auprès de l’Ordre des médecins (Conseil provincial)
    Si vous suspectez un manquement aux règles de déontologie (soins non fondés, actes hors compétence, refus injustifié d’orienter/consulter), vous pouvez saisir l’Ordre au niveau provincial. Les conseils de l’Ordre instruisent les plaintes et peuvent sanctionner les manquements.

  3. Action civile en indemnisation
    Pour obtenir la réparation de votre préjudice (frais médicaux supplémentaires, incapacité, préjudice moral, etc.), vous pouvez agir devant les juridictions civiles (Tribunal de paix ou Tribunal de grande instance selon la nature et l’importance de la demande). La Loi organique n° 13/011-B organise ces juridictions et leurs compétences. Un avocat vous aidera à chiffrer les dommages et choisir la voie adéquate.

    Bon à savoir : si une procédure pénale est engagée (ex. blessures involontaires), la constitution de partie civile permet de demander des dommages-intérêts dans le procès pénal (le Code pénal prévoit l’allocation des dommages-intérêts en sus de la peine).

  4. Plainte pénale (si blessures graves ou décès par négligence)
    Déposez une plainte (parquet/OPJ) pour lésions ou homicide involontaires si la faute alléguée atteint le seuil pénal (défaut de prévoyance/précaution) et a causé des dommages corporels sérieux ou un décès. Les articles 52 à 55 du Code pénal encadrent ces infractions.

  5. Si l’établissement est public
    Lorsque la responsabilité d’un hôpital public ou d’un service de l’État est en cause (faute de service), la contestation peut relever de l’ordre administratif (tribunal administratif, cour administrative d’appel, Conseil d’État) organisé par la loi organique sur les juridictions administratives. Un conseil juridique est indispensable pour identifier la juridiction compétente.

Prouver l’erreur fautive : pièces et expertise

  • Récupérez votre dossier médical (comptes rendus, résultats, prescriptions) ; gardez copies des factures et des échanges. La loi impose l’existence et la conservation de ces dossiers au sein des structures.

  • Demandez un second avis (idéalement écrit) et, si besoin, une expertise médicale indépendante pour documenter l’écart aux bonnes pratiques (obligation de moyens).

  • Évaluez les préjudices : corporel (incapacité, soins futurs), matériel (pertes de revenus, dépenses), moral (souffrances, anxiété). L’indemnisation suit le principe de réparation intégrale en responsabilité civile.

Assurance et règlement amiable

Nombre d’établissements et de professionnels souscrivent une assurance de responsabilité civile professionnelle ; en cas d’accord amiable ou de condamnation, l’assureur peut prendre en charge l’indemnisation dans les limites du contrat. Le Code des assurances congolais encadre l’assurance de responsabilité ; l’assureur intervient lorsqu’une réclamation amiable ou judiciaire entre dans la garantie contractuelle. (La loi congolaise ne rend pas aujourd’hui la RCP médicale universellement obligatoire ; ne pas confondre avec le régime français.)

Conseils utiles (check-list)

  • Écrivez vite et clairement votre réclamation (faits, dates, personnes, effets sur votre santé).

  • Conservez tous les documents et demandez copie/accès à vos pièces médicales.

  • Sollicitez un avocat (responsabilité médicale) pour choisir la bonne voie (déontologique, civile, pénale, administrative) et sécuriser les délais.

  • N’hésitez pas à demander une médiation interne lorsque c’est possible ; sinon, privilégiez l’écrit et les voies formelles.

Natasha Shama

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Natasha Shama
Natasha Shama
Juriste passionné par le Droit, Natacha Shama est diplômée en droit public de l'université de Lubumbashi
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