Dans l’Est de la République Démocratique du Congo, une réalité glaçante continue de voler l’enfance à des milliers de jeunes. « Ils viennent la nuit, arrachent nos enfants des bras de leurs mères et en font des machines à tuer », témoigne avec amertume une mère de Beni, le visage marqué par l’angoisse permanente. Ce récit déchirant n’est malheureusement pas isolé dans cette région où le recrutement enfants soldats RDC persiste malgré les efforts de lutte.
Face à cette situation d’urgence, des acteurs clés des provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema, Ituri et Tanganyika ont convergé vers Beni pour un atelier Beni protection enfance historique des 28 et 29 octobre 2025. Organisé par le Réseau régional des organisations de la société civile contre le recrutement et l’utilisation des enfants soldats, avec l’appui déterminant de la section de la Protection de l’enfance de la MONUSCO enfants soldats, cette rencontre cruciale vise à briser le cycle infernal qui transforme des innocents en instruments de guerre.
Comment en sommes-nous arrivés là ? La réponse d’Éric Kalobera, représentant du gouverneur du Nord-Kivu, est sans appel : « La répétition des guerres a fragilisé nos structures sociales fondamentales. Les familles disloquées, les écoles fermées, les cadres communautaires effondrés créent un terrain fertile pour les groupes armés Est Congo qui profitent de cette vulnérabilité systémique. » Ces mots résonnent comme un constat accablant d’une société dont les fondations tremblent sous les coups répétés des conflits.
L’analyse des experts présents lors de ces assises révèle une vérité troublante : les enfants privés d’éducation et de cadre sécurisant deviennent des proies faciles pour les groupes armés. Ces derniers leur promettent protection, nourriture et un semblant d’appartenance, exploitant cyniquement leur détresse psychologique et sociale. Mais à quel prix ? Celui de leur innocence, de leur dignité, et souvent de leur vie.
Ali Garba, chef intérimaire du sous-bureau de la MONUSCO à Beni, ne mâche pas ses mots : « L’année 2025, marquée par la recrudescence des violences dans l’Est du pays, nous rappelle l’urgence d’agir. Malgré les avancées notables, cette pratique barbare persiste et continue de priver des milliers de garçons et filles de leur enfance et de leur avenir. » Son insistance sur la nécessité d’une action concertée souligne l’impératif d’une coordination renforcée entre tous les acteurs engagés dans cette lutte.
Les travaux intensifs de ces deux jours doivent aboutir à l’adoption de stratégies lutte enfants soldats innovantes et concrètes. La feuille de route commune attendue à l’issue de cet atelier représente un espoir tangible pour des communautés entières meurtries par ce fléau. Mais au-delà des stratégies et des plans d’action, c’est toute une réflexion sociétale qui doit émerger.
Quelle société construisons-nous si nous laissons nos enfants devenir les jouets des seigneurs de guerre ? Comment reconstruire l’avenir d’une région en sacrifiant sa jeunesse ? Ces questions fondamentales hantent les couloirs de cet atelier où se joue, peut-être, le destin de toute une génération.
La route sera longue, les défis immenses, mais l’engagement des participants témoigne d’une détermination sans faille. La protection de l’enfance dans l’Est congolais nécessite plus que des discours : elle exige des actions concrètes, un suivi rigoureux et une mobilisation de tous les instants. Le temps presse, et chaque jour perdu signifie de nouveaux enfants arrachés à leur innocence.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
